Effectivement, je le prends au sérieux pour la simple et bonne raison que c'est ce que l'auteur nous a demandé de faire à de très nombreuses reprises avant la sortie et parce que le thème du bouquin nous invite également à ne pas considérer ce comic-book comme n'importe quel comics.Sasahara a écrit : ↑22 nov. 2019 13:47 Ouah, tu as l'air de prendre ça très au sérieux... alors que moi pas vraiment.
Car je trouve que l'impression générale est finalement que "tout ça n'est pas si grave"... Il y a eu des morts, mais seulement des troisièmes couteaux dont l'absence n'impactera aucune série majeure DC actuelle (c'est évidemment fait exprès). il y a un même perso qui explique qu'il est déjà mort plusieurs fois et qu'il est revenu, et que ça peut continuer. Voilà le genre de morts qu'on risque chez DC! J'ai cette impression pour tout les personnages.
Je pourrais disserter pendant de longues heures sur l'importance fondamentale que la BD peut/va avoir sur la jeunesse, le lectorat plus largement et la culture en générale, mais c'est pas le sujet, aussi, quand on aborde le thème de la dépression, forcément j'espère un récit qui ne soit pas traité par-dessus la jambe et surtout qui véhicule un message positif, ou du moins encourageant.
Strax l'a très bien résumé : C'est l'histoire d'un type qui a tout perdu et malgré tout on fait de lui la personnification de l'espoir, du renouveau. J'aurais aimé que le personnage discute sincèrement de ça, qu'il échoue peut-être dans un premier temps, mais qu'il se relève et que malgré sa perte, malgré son imperfection, il puisse quand même agir avec noblesse. Le problème, et la représentation a de quoi estomaquer, c'est qu'on le voit littéralement à terre la majeure partie du temps, sinon totalement recroquevillé, renfermé sur lui-même dans la conclusion. Il n'y a plus rien d'héroïque, juste de l'inertie, de l'apathie et la sensation d'un échec irréparable.
Et je trouve ça terrible de faire la promo d'un bouquin en disant que ça parlera d'espoir, de dépression mais surtout de rédemption sans même réfléchir à l'impact qu'un tel récit pourrait avoir sur un individu qui vient chercher du réconfort, de l'espérance dans un comic-book comme Heroes in Crisis lorsque le message final n'invite pas à l'optimisme. Bien au contraire, on vous répète maintes et maintes fois que vous allez lourdement merder. Roy Harper continue de jouer avec ses aiguilles, Lagoon Boy est dans l'auto-mutilation constante, Harley et Ivy ne trouvent de solution cathartique que dans le meurtre, Gnarkk semble avoir besoin de se suicider pour "renaître", Soltice est prisonnière de crises d'angoisse à répétitions et Wally est laissé seul, à la dérive, à coups de médocs et de bière dans sa chambre avant d'imploser.
Il y a de nombreux pans de cette oeuvre où je trouve que King, non content de véhiculer des images très dérangeantes, avec une hypotypose qui n'est absolument pas nécessaire, délivre un message potentiellement dangereux en de mauvaises mains. Alors, peut-être que c'est juste mon interprétation qui est défaillante, ce que je peux totalement concevoir et accepter (et croyez moi que je crève d'envie d'aimer Heroes in Crisis), mais quand je lis encore sur un site anglophone que King a tendance à romancer et idéaliser le suicide, je me dis qu'il y a quand même 2-3 récurrences qu'on retrouve souvent dans ses publications et tendent à valider ce constat.