[Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Pareil que pour les Comics, mais pour le cinéma et la télévision.
ManInBlack
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[Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par ManInBlack »

Bon, personne n'a fait de topic sur l'adaptation de ce chef-d'oeuvre visiblement, j'en déduis que cette communauté est dépourvue de goût :sleep

Pour ceux à qui A la Croisée des Mondes n'évoque rien, je vais simplement vous hyper avec le cast: Dafne Keen (Logan) dans le rôle principal et James McAvoy dans le rôle de son oncle. Pas d'excuse pour ne pas y jeter un coup d'oeil :sleep

Synopsis:
Élevée dans l'austère et étouffante université Jordan College à Oxford, Lyra Belacqua et son dæmon (une expression de l'âme humaine extérieure au corps, qui adopte une apparence animale), apprennent fortuitement l'existence de la Poussière. Il s'agit d'une étrange particule que le Magisterium (le bras armé d'une Église toute-puissante et radicalisée) pense être le fruit du Péché originel. Des érudits ont en effet observé que cette Poussière est moins attirée par l'innocence des enfants que par l'expérience des adultes. Des savants, avec le soutien de l’Église, entament de terrifiantes expérimentations sur la Poussière en utilisant des enfants kidnappés dans toute l'Angleterre, et envoyés dans les royaumes glacés du Grand Nord. Lyra s'engage à la poursuite de ces kidnappeurs d'enfants, qui ont notamment capturé son meilleur ami Roger. Dans son périple, elle croise la route d'aventuriers, d'ours en armure et de sorcières; elle apprendra en outre à se servir de l'aléthiomètre, un lecteur de vérité, et découvrira les secrets de l'univers ainsi que les forces qui s'assemblent autour de sa propre existence et de sa destinée exceptionnelle.

Trailer:
Modifié en dernier par ManInBlack le 17 nov. 2019 18:01, modifié 1 fois.
ManInBlack
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par ManInBlack »

Alors, pour le moment 2 épisodes sont sortis, le 3eme passe ce soir sur la BBC (hâte!), et en tant que gros fan des bouquins et de l'équipe créative (James McAvoy et Dafne Keen :joke: ), j'ai rédigé de courtes reviews des 2 premiers épisodes:

Episode 1
D'abord, ressenti très succinct pour ceux qui ont pas encore vu l'épisode, vu que ma critique sera totalement sous balise spoiler: j'ai adoré, vraiment, c'est exactement ce que j'en attendais au vu des livres et de l'équipe créative derrière. Le travail d'adaptation est réussi et, cinématographiquement, la série rend aussi une copie réfléchie et soignée.

Maintenant, passons à la critique plus détaillée:
Alors, pour commencer, mention particulière pour le générique, qui donne une excellente première impression en synthétisant les éléments principaux de la trilogie dans une magnifique animation sur un très beau thème musical. Et on sait bien qu'un très bon générique, ça contribue déjà grandement à mettre le spectateur dans un bon état d'esprit au début de chaque épisode.

Du coup, rentrons dans le vif du sujet, et commençons par parler un peu du casting:
Dafne Keen, qui m'avait vraiment impressionné dans Logan, est absolument parfaite en Lyra: à la fois attachante, mignonne, mais aussi têtue et téméraire, la jeune actrice capte déjà l'essence de son personnage et livre une interprétation oscillant entre le touchant et l'entraînant.
Ensuite, James McAvoy en Lord Asriel. Alors déjà, petite parenthèse, il faut savoir que McAvoy est l'un de mes acteurs favoris, pour lequel j'avais développé une forte sympathie dans la saga X-men et qui m'a absolument bluffé dans Split et Glass, films dans lesquels il joue un personnage à 24 personnalités et livre une performance plutôt incroyable. Et pour être honnête, c'est de voir le nom de McAvoy affilié au projet qui a vraiment piqué ma curiosité, et qui m'a poussé à m'intéresser à cet univers. Alors qu'en est-il de sa performance en Asriel? Eh bien, comme toujours, il est absolument parfait! Dès le premier épisode, en à peine quelques scènes, il arrive à saisir toutes les subtilités du personnage: passionné, confiant, ambitieux et exalté par ses projets d'une part, mais aussi froid, distant, charismatique et intimidant d'autre part, on sent que McAvoy s'éclate en jouant ce personnage qu'il a l'air de tant aimer, et il apporte dès le début des nuances qui ne sont clairement perceptibles que dans le troisième tome de l'oeuvre originale.
Enfin, pour en finir avec les acteurs principaux, on a une Ruth Wilson qui correspond exactement à l'idée que je me faisais de Mme Coulter (peut-être un poil plus vieille que ce que j'imaginais en lisant), avec un personnage pour l'instant intrigant, dégageant une aura de grâce et de mystère.
Les autres acteurs secondaires (et le casting vocal, d'ailleurs) sont aussi très convaincants dans l'ensemble, on peut donc à mon avis conclure que c'est LA grosse réussite de la série pour l'instant, un cast qui donne vie de la plus belle manière à nos personnages favoris.

Mais bien évidemment, le pilote ne se résume pas aux acteurs, et parlons un peu de l'écriture et du scénario de Jack Thorne.
Pour commencer, on note que le scénariste a dû se plier aux contraintes du format série TV en 8 épisodes, qui requiert un rythme soutenu et donc une progression dans l'intrigue assez rapide, il fallait donc que Lyra quitte Jordan College et entame ses péripéties dès la fin de ce premier épisode. Ainsi, Thorne pose rapidement et efficacement les relations entre les personnages et l'univers (et ça fonctionne en grande partie grâce à la mise en scène de Tom Hooper, mais on va y revenir), et on remarque qu'on entre très vite dans le vif du sujet, aussi bien au niveau de l'intrigue que des thématiques. En effet, l'importance des daemons, de la Poussière et du Magisterium est posée dès maintenant, avec Lyra et Roger qui discutent de la forme finale de leur moitié dès leur première scène, l'importance accordée aux découvertes d'Asriel et à l'asile scolastique et la liberté académique ou encore les références à la Bible et au péché originel (cf. la scène entre Lyra et le Bibliothécaire au début).
On note aussi un nombre considérable d'ajouts, majoritairement bienvenus d'ailleurs compte-tenu de la direction empruntée, par rapport au roman. Ainsi, la thématique du passage à l'âge adulte est magnifiquement illustrée par la cérémonie gitane (qui en plus introduit parfaitement ces personnages), le Magisterium voit son point de vue plus développé que dans les livres avec l'introduction d'une intrigue consacrée au Père McPhail et à Lord Boreal et Mme Coulter se voit accorder un nouveau rôle assez bien pensé, en se faisant explicitement passer pour l'alliée de Lyra face aux Enfourneurs (ce qui amorce déjà son talent de manipulatrice et l'ambiguïté de ses allégeances).
Du coup, je trouve que l'intrigue est correctement condensée, on garde la trame principale et l'essence des thèmes, et les lecteurs ont même des ajouts pertinents à découvrir qui donnent une valeur ajoutée à cette adaptation.

Et pour finir, la partie qui m'intéresse le plus quand on parle de cinéma: la mise en scène! Parce qu'on en parle généralement trop peu alors que c'est le principal vecteur de sens et d'émotion d'une oeuvre audiovisuelle, et en plus, pour ce premier épisode on a Tom Hooper à la barre, notamment connu pour son très bon Le Discours d'un Roi.
Hooper a un certain talent pour utiliser sa caméra et montrer des personnages qui ne se sentent pas à leur place, et c'est donc un choix très pertinent de lui avoir confié les deux premiers épisodes, où Lyra doit successivement quitter Jordan College et fuir Mme Coulter.
Ce qui interpelle le plus dans cet épisode, c'est le travail de la caméra, et plus particulièrement le jeu de contraste entre une caméra à l'épaule instable et tremblante et une caméra plus fixe, fluide et stable. Hooper filme ainsi le monde de Lyra avec des objectifs grand angle, dans des plans larges longs et fixes qui donnent cette impression de grandeur, de majesté à cet univers (et soulignons la qualité remarquable de la direction artistique, avec des costumes et décors particulièrement soignés), qui est sublimé par une photographie et une lumière très esthétiques, qui restent cependant suffisamment sobres pour qu'on garde un sentiment de réalisme, que l'univers reste tangible et similaire au nôtre. Avec cela contraste l'usage très régulier d'une caméra épaule très tremblante et instable, qui marque une grande diversité de sens en fonction des scènes.
On va s'attarder un peu sur quelques exemples, le procédé étant vraiment très travaillé. D'abord, l'usage le plus marquant de la caméra épaule, c'est bien sûr lors des scènes où Lyra et Roger s'amusent à Jordan College: la caméra tremblante rend alors les courses-poursuites des enfants très dynamiques, entraînantes et brutes; mais derrière cette représentation de la candeur et de la joie des enfants, on trouve aussi un sens qui s'inscrit dans la droite lignée du style d'Hooper, et qui donne un sens aux coupes de Jack Thorne par rapport au livre. Effectivement, en filmant les deux personnages les couloirs étroits de Jordan à hauteur d'enfant , dans un cadre resserré et tremblant (soit le contrepied de la manière traditionnelle de filmer cette architecture majestueuse) ou dans des plans très larges qui les isolent dans l'immensité du décor et renforce le sentiment de solitude, Hooper donne tout du long cette impression de "pas à sa place" vis-à-vis de Lyra et Roger, enfants seuls dans un monde d'adultes, et c'est ce qui légitime, et rend même nécessaire le départ de Jordan College dès la fin de ce premier épisode. En outre, la caméra épaule est aussi utilisée pour représenter le côté "toujours occupé dans tous les sens" d'Asriel (ce qui instaure une certaine force émotionnelle dès que la caméra et lui se posent, lors de son discours, de la magnifique scène où il couche Lyra qui construit par l'image toute leur relation ou lors de son départ avec la réplique de Lyra sur ses parents) ou pour marquer la confusion des personnages lorsque Lyra reçoit l'aléthiomètre.
Et puis, en dehors du travail de la caméra, j'ai envie de revenir sur deux procédés de mise en scène plus ponctuels que j'ai trouvé très bien pensés concernant Asriel et Coulter:
-Lors de la scène du discours d'Asriel, on a ce plan fort de sens:
Image
Asriel y est d'un côté éclairé et de l'autre plongé dans l'obscurité, ce qui fait d'abord écho à son discours, puisqu'il est illuminé par le projecteur qui représente ses découvertes, mais bridé par l'obscurantisme qui entrave la "liberté académique" de Jordan College, mais aussi au personnage d'Asriel en général, héros vaillant, inspirant et charismatique d'une part, mais prêt aux actes les plus froids et glaçants pour arriver à ses fins d'autre part. Un plan qui saisit donc en un instant les nuances d'Asriel par un simple jeu de lumières.
-L'introduction de Mme Coulter:
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Filmée à travers des travellings et un panoramique très fluides et stables (fluidité et stabilité qui caractérisent d'ailleurs le Magisterium dans la mise en scène), elle contraste avec toute l'atmosphère tremblante et instable instaurée: elle est l'incarnation de l'ordre, de la grâce et de la noblesse, sublimée par un thème aux percussions martiales mais aux envolées à la fois gracieuses et sournoises. Encore une fois, toute la complexité d'un personnage captée par quelques idées simples de mise en scène.
Pour en finir avec la mise en scène, on notera aussi l'usage des très gros plans et/ou travellings se rapprochant des personnages lors des élans d'émotion, aussi bien épiques (la fin du discours d'Asriel), simples et intimistes (Lyra jouant à projeter l'ombre d'un oiseau en rêvant du Nord) ou pour transcrire une certaine alchimie entre les personnages (la discussion de Coulter et Lyra sur le Nord), avec parfois l'usage de grands angles couplés au gros plans pour isoler le visage des personnages au milieu d'un arrière-plan vide et flou et créer un sentiment de malaise.

Voilà, donc, en conclusion, un excellent épisodes à de nombreux niveaux, aussi bien concernant les acteurs, l'écriture, la mise en scène et même la très belle musique de Lorne Balfe. Après cette réussite totale, j'ai très hâte de voir ce que nous réserve la suite, et les extraits de l'épisode 2 publiés aujourd'hui me confortent dans l'idée que ça va être très bon!
Episode 2
J'ai encore plus apprécié ce deuxième épisode que le premier, aussi bien pour son audace en terme d'adaptation que pour sa mise en scène toujours très maîtrisée.

Du coup, ma critique détaillée :
Alors pour commencer tranquillement, petit point acting:
-Dafne Keen toujours aussi parfaite en Lyra, qui commence à révéler l'aspect menteur et rusé du personnage qui s'inscrit très naturellement dans le développement du personnage et dans la prestation de la jeune actrice.
-Ruth Wilson parfaite en Mme Coulter aussi, un peu plus vieille que ce qu'on pouvait imaginer dans les romans, mais qui troque le côté "femme fatale" pour un fort charisme, une aura assez fascinante qui l'entoure. Certains la trouvent trop "méchante" dès le début, mais je trouve qu'avec Lyra, au contraire, ce mélange de charme, de gentillesse mais aussi d'autorité lui donnent un certain magnétisme qui explique la fascination de Lyra pour elle et son envie de voyager au Nord, de réaliser son rêve en compagnie de la figure féminine la plus intrigante qu'elle a pu rencontrer. Et on notera que le développement de l'intimité de Mme Coulter offre à Wilson l'opportunité de nuancer dès maintenant le personnage et de montrer l'humanité derrière cette femme inquiétante, laissant entrevoir la grande complexité émotionnelle du personnage.
-Enfin, la bonne surprise de l'épisode, Ariyon Bakare en Lord Boreal, en apparence aux antipodes de ma vision du personnage (j'imaginais plutôt quelqu'un comme Iain Glen par exemple), qui arrive pourtant à véhiculer exactement l'aura que les livres m'avaient fait entrevoir. Un personnage paradoxal et hypocrite, qui use allègrement de sa position d'autorité au Magisterium mais prend pourtant plaisir à adopter une attitude de défiance, à jouer avec les limites de ce qui lui est permis, à se comporter en hérétique en explorant cet autre monde qui lui offre des perspectives infinies...
Je sens que je vais prendre beaucoup de plaisir à suivre son arc narratif.

Scénaristiquement, on reste vraiment proche du livre dans la trame globale, mais il semble se dégager de l'écriture de Jack Thorne une intention de se distancer du simple point de vue de Lyra pour augmenter l'échelle de l'histoire, on suit donc Lyra, mais aussi le point de vue du Magisterium ou des Gitans. C'est une approche à mon avis très adaptée à une série à gros budget: il y est en effet plus dur de représenter la vie intérieure des personnages, mais le format offre de nombreuses perspectives pour explorer l'étendue et le grandiose d'un univers aussi riche que celui bâti par Pullman. Certains seront déçus de ne pas retrouver la même ambiance que dans l'oeuvre de base à ce niveau, mais n'oublions pas qu'une adaptation a l'intérêt de porter un regard différent sur l'oeuvre adaptée, et ici ce regard exploite au mieux toutes les possibilités offertes par le médium (là c'est l'instant où j'ai envie de parler de mise en scène, mais on va d'abord finir sur le scénario ^^ ).
Par ailleurs, malgré la fidélité globale, l'épisode réserve tout de même des surprises de taille! D'abord, la plus petite: la révélation de l'identité du père de Lyra par Mme Coulter dès maintenant, que j'ai trouvé très bien amenée et qui amorce dès maintenant cette tension entre Coulter et Asriel: on sent à l'instant de la révélation à la fois l'attachement de Mme Coulter pour son ex-amant, mais aussi son profond ressentiment pour lui. Une piste de développement intéressante, qui a comme pas mal de choix l'intérêt de densifier les personnages dès le début de l'histoire. Ensuite, passons à LA surprise de l'épisode, le choix très audacieux qui fait parler: l'introduction de notre monde et des fenêtres! Alors j'attends d'en voir plus, mais pour moi cette intrigue présente deux intérêts majeurs: répondre à de potentielles interrogations des lecteurs (qui ne s'est jamais demandé ce que faisait Boreal avant l'intrigue de la Tour des Anges?) en livrant l'interprétation personnelle de Thorne de cette porte laissée ouverte par Pullman et apporter ainsi une valeur ajoutée à cette adaptation, et, d'autre part, apporter plus de liant entre les intrigues des différents tomes. Encore une fois, ça peut sembler retirer du charme à la saga, mais dans le même temps, utiliser l'intégralité du lore dès le commencement pour intriguer le grand public et apporter de la cohésion entre les saisons, pour éviter de perdre les spectateurs et fidéliser l'audience d'une année sur l'autre.
En tout cas, de mon côté, je ne pouvais m'empêcher de frissonner à chaque scène de Boreal.

Et maintenant, place à la mise en scène! A ce niveau, l'épisode est aux antipodes du premier: on ne travaille plus la caméra à l'épaule dan les couloirs étroits de Jordan College, et on n'isole plus les jeunes enfants dans d'énormes décors, non. Ici, Tom Hooper change de lieu, de contexte et de décors, et en profite donc pour revenir à un type de mise en scène avec lequel il est particulièrement à l'aise, proche de ce qu'il avait livré dans Le Discours d'un Roi . On va passer en revue quelques exemples:
  • La scène d'ouverture
    https://youtu.be/tgGh2MGBMOc

    Cette scène pose l'ambiance de tout l'épisode, d'abord par son décor, l'appartement de Mme Coulter, qui est distingué, impressionnant, orné de dorures et de décorations très nobles, mais qui se révèlera au fil de l'épisode être une lugubre prison. Ainsi, à l'opposé total de la caméra épaule à hauteur d'enfant du premier épisode, brute et chaotique, l'appartement est ici filmé avec une caméra fixe, parfaitement centrée, qui bouge avec des travellings très amples, lisses, majestueux, comme dans l'introduction de Mme Coulter dans l'épisode 1. On nous présente donc ce lieu, ce nouveau contexte comme noble, distingué, Lyra se retrouve dans la haute société impressionnante, d'une grandeur qu'elle n'avait jamais réellement expérimenté. Mais en parallèle de cet émerveillement, un climat ordonné, strict et discipliné se met en place, avec ces cadres systématiquement centrés et ces mouvements d'une régularité et d'une linéarité chirurgicale.
    En plus de cela, l'atmosphère chaleureuse de Jordan College, véhiculée par les tons jaunes de la pierre et la lumière du jour toujours présente, est remplacée par une atmosphère très froide, grâce à l'usage de tons plus bleutés et une lumière tamisée, qui participera à l'ambiance de plus en plus inquiétante du lieu.
    Remarquons enfin que, pendant la discussion entre Lyra et Pan, le daemon et la jeune fille sont filmés avec une très faible profondeur de champ, ils sont le seul élément net du champ, ce qui instaure une complicité et une relation très intime entre l'humain et son daemon. Ce procédé sera repris pendant tout l'épisode et apparaissait déjà dans le premier, je le trouve très efficace pour illustrer ce lien profond entre un humain et sa propre âme.
  • La confrontation entre Lyra et Mme Coulter
    https://youtu.be/IaHr5CTGtZs
    Alors, c'est sûrement ma scène préférée de l'épisode et la plus impactante en terme de mise en scène. On commence en douceur, avec un simple champ-contrechamp, en plan large qui met de la distance entre les personnage, et la valeur des plans va régulièrement changer pour accompagner l'intensité émotionnelle et l'évolution des rapports entre les deux interlocutrices. Notons que le dialogue est déjà filmé en caméra épaule, légèrement vacillante qui traduit l'instabilité de la situation et son explosion imminente.
    Et là, première rupture, le singe attaque Pan. Le combat de daemons est particulièrement bien filmé, avec une caméra à hauteur de daemon qui produit donc une image assez originale, qui est au coeur de l'action et suit tous les mouvements de Pan dans sa détresse, ce qui implique immédiatement le spectateur, lui aussi poursuivi par ce maudit singe. Le montage, quant à lui, est très cut, très brutal, change régulièrement d'angle de prise de vue et montre que peu importe où il essaie de fuir, Pan est condamné. En parallèle du violent combat d'animaux, les rapports entre Mme Coulter et Lyra sont tout aussi poignants: Lyra, écrasée au sol, filmée en très gros plan, avec une faible profondeur de champ (seul son visage est net, elle est entourée de flou), et avec une caméra épaule nerveuse et chaotique, on se retrouve face à une image très bizarre, dérangeante qui traduit la détresse et la profonde détresse d'une Lyra parfaitement interprétée par Dafne Keen. Au contraire, au milieu de ce chaos, on a Mme Coulter, filmée en contre-plongée avec une caméra anormalement stable, qui a l'air impassible, imperturbable et d'une froideur glaçante dans sa position de domination écrasante.
    La tension monte peu à peu, et puis une deuxième rupture: Mme Coulter craque et révèle qu'Asriel est le père de Lyra. Immédiatement, le chaos prend fin, une caméra tremblante accompagne des personnages tout aussi tremblants et perturbés après cette violente confrontation. La situation se calme, tandis qu'une Mme Coulter toujours plus intrigante, d'une tendresse paradoxale après la torture qu'elle vient d'infliger, compatit avec une Lyra dont l'univers s'effondre.
  • La découverte des secrets de Mme Coulter
    Partie 1:https://youtu.be/E3uZP0ogu3I
    Partie 2:https://youtu.be/0QqodYRrueg
    Cette scène est intéressante parce qu'elle met en jeu les différents procédés de mise en scène principaux dont je n'ai pas encore parlé. D'abord, procédés typiques de Tom Hooper, qu'il a particulièrement développés dans Le Discours d'un Roi: isoler un personnage dans le décor dans un plan assez large, parfois avec le personnage excentré, pour instaurer une sensation de malaise, de "pas à sa place", et isoler le personnage en gros plan, excentré, avec une faible profondeur de champ, et si possible avec un angle de prise de vue particulier voire un objectif grand angle (c'est peu présent dans cette scène, mais on a régulièrement ce genre de plans dans l'épisode, notamment pendant la scène du Cardinal), ce qui produit une image très bizarre et perturbante.
    Par ailleurs, la tension est très bien travaillée dans cette scène, grâce à l'utilisation de la caméra (l'éternelle caméra épaule quand la situation devient pressante et chaotique, et qui peine à se déplacer dans les conduits, comme Lyra), des décors (les jeux de perspective qui rendent les conduits interminables, leur étroitesse qui donne un sentiment d'étouffement et les grilles floues en amorce qui forment un obstacle à la caméra) et du montage (avec l'alternance permanente entre Lyra qui n'avance que difficilement et l'aiguille qui indique que l'ascenseur s'approche rapidement).
    Finalement, on relèvera que les scènes des enfants enlevés sont toujours filmés dans des décors crasseux, avec des couleurs et une lumière assez "sales", en caméra épaule qui traduit la confusion des enfants. Mme Coulter y est filmée en contre-plongée à hauteur d'enfant, comme une sorte de guide, de lumière, d'idole propre et rassurante au milieu de ces catacombes, d'où la confiance que les enfants lui accordent, faute d'avoir autre chose à quoi se raccrocher.
Voilà, du coup j'ai toujours aussi hâte de voir la suite. A mon avis, le ton et les codes de la saison ont été donnés par ces deux premiers épisodes, donc je suis confiant. Je ne sais pas si je continuerai de faire de longues critiques/analyses maintenant que Tom Hooper n'est plus à la mise en scène, vu que c'est assez chronophage, je pense plutôt donner des avis plus succincts avec éventuellement une ou deux analyses de scènes si vraiment ça en vaut la peine.
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Sasahara
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Sasahara »

Merci de parler de cette série dont j'ignorais l'existence !

Je crois que je vais y jeter un oeil parce que j'avais assez aimé les romans de Philip Pullman ("A la croisée des mondes", 3 tomes chez Gallimard Jeunesse) et même le film qui était sorti en 2007 sous le titre "La boussole d'or":

Image

... avec Daniel Craig et Nicole Kidman, et qui adaptait assez bien le premier livre mais n'avait jamais eu de suite. Donc, enfin une chance de voir toute l'histoire à l'écran !
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Audoucet
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Audoucet »

Wow… Alors moi, c'est totalement le contraire. J'étais intéressé par la série, mais en découvrant que c'est le même univers que ce film que j'ai vraiment détesté… Ça me coupe toute envie.
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Vittorini
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Vittorini »

J'ignorais que c'était connecté. Je pensais qu'on aurait droit à un reboot ...
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Resendes a écrit : 22 oct. 2021 14:16 Jute 2 secondes
Resendes a écrit : 19 juil. 2023 15:05 Ah oui tu es chaud ! Je t'envie haha
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Parademon »

ça n'est pas connecté, c'est un reboot, une autre adaptation du bouquin.
Je n'ai pas lu les bouquins, la série est sympa sans que ce soit un chef d’œuvre. Je ne trouve pas grand chose à en dire pour l'instant mais je vais continuer à suivre;
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Jason Todd
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Jason Todd »

Vittorini a écrit : 17 nov. 2019 22:21 J'ignorais que c'était connecté. Je pensais qu'on aurait droit à un reboot ...
Je comprends davantage le message d'Audoucet comme s'il pensait que c'était une série originale et non une adaptation des romans de Pullman puisqu'a priori, je n'ai pas encore regardé le moindre épisode mais tout ce que j'ai lu l'annonce : il s'agit bien d'un reboot, reprenant à partir du premier roman.

Edit : Para' m'a pris de vitesse.
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Vittorini
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Vittorini »

Je c'est toujour pas lyre mdr

(merci :sleep )
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Resendes a écrit : 22 oct. 2021 14:16 Jute 2 secondes
Resendes a écrit : 19 juil. 2023 15:05 Ah oui tu es chaud ! Je t'envie haha
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Audoucet »

Jason Todd a écrit : 17 nov. 2019 22:27
Vittorini a écrit : 17 nov. 2019 22:21 J'ignorais que c'était connecté. Je pensais qu'on aurait droit à un reboot ...
Je comprends davantage le message d'Audoucet comme s'il pensait que c'était une série originale et non une adaptation des romans de Pullman puisqu'a priori, je n'ai pas encore regardé le moindre épisode mais tout ce que j'ai lu l'annonce : il s'agit bien d'un reboot, reprenant à partir du premier roman.

Edit : Para' m'a pris de vitesse.
Non non, je veux dire que j'aime pas cet univers.
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Parademon
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Re: [Série - BBC/HBO] A la Croisée des Mondes (His Dark Materials)

Message par Parademon »

La série suit son cours. C'est sympa sans plus mais je continue encore. Par contre j'aime beaucoup la musique du générique !

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