Depuis cet été, la nouvelle saison de
Doctor Who, je ne la sentais pas. Pas à cause de ce changement de sexe, même si je ne trouve pas la chose utile, mais j'y reviens plus tard. Plutôt à cause de tout ce qui a eu lieu autour, notamment le panel de la San Diego Comic Con ("pas de Daleks, que des standalone"), et quelques déclarations de Jodie Whittaker et de Chris Chibnall ("y a trop d'hommes blancs à la prod de cette série, mais moi je reste hein LOL !"). Mais je préfère me faire mon avis sur du concret, alors je regarde la série, au moins le premier épisode.
L'épisode qui introduit un nouveau Docteur est toujours particulier, à part. Il se doit de présenter la nouvelle incarnation, et de fait c'est un épisode qui concentre la majorité des attentions sur celle-ci. Premier gros problème pour moi, ici je me suis bien plus intéressé aux compagnons qu'au Docteur ! On a toute une saison pour mieux les connaître, donnez-moi au moins quelque chose de consistant pour... la Douzi... la Treizième... attends... la Quatorzième je crois... ? Oui, bon, on s'en tape, on va dire la Treizième, hein.
Avec l'introduction de Capaldi, Moffat avait étendu cette présentation sur toute la saison 8, à raison puisque ce nouveau Docteur représentait un nouveau cycle de régénérations. Et même comme ça, son épisode d'introduction avait suffisamment de matière pour cerner le caractère du bonhomme.
Ici, hormis le fait qu'elle aime faire des grimaces, qu'elle soit bricoleuse (au passage, j'aurais bien deux trois choses à redire sur la création du nouveau tournevis, pardon, du couteau suisse sonique... et du téléporteur à la fin... c'était du portnawak en puissance, MacGyver tu peux aller te rhabiller), et qu'elle passe tout l'épisode à faire une imitation déplorable du Dixième (et c'est pas un ressort scénaristique, c'est juste Jodie Whittaker), y a pas grand chose à dire d'elle, y a rien d'accrocheur.
Elle est sympa, elle aide les gens en difficulté, c'est définitivement un Docteur, mais y a rien qui ressort, qui la distingue des autres, sauf son sexe.
J'ai jamais trouvé que ce serait une bonne idée de changer le sexe du Docteur, bien avant que cette idée commence à germer (et que la BBC commence à pousser au cul avec sa politique interne de discrimination positive). Il y a une dizaine d'années de ça, je disais que ça n'aurait aucune incidence sur le personnage, et cet épisode ne fait que me donner raison. Un Docteur roux ? Oui, j'aurais été à fond dessus, parce que les Neuvième, Dixième et Onzième évoquaient la chose à diverses reprises. Et je sais que ça arrivera un jour. Mais ce monde n'est pas encore prêt.
Le Maître en femme, là c'était une excellente manœuvre, et ça a entièrement changé le personnage, ça l'a rendu passionnant à suivre et a fait évoluer sa relation avec le Docteur. Mais si ça marche sur un antagoniste, c'est purement cosmétique sur le protagoniste, à moins de changer son modus operandi, auquel cas, pour paraphraser le Onzième dans
the Beast Below (un de mes épisodes cultes, je ne le répéterai jamais assez), il faudra lui trouver un nouveau nom, parce que ce ne sera plus le Docteur.
Cela étant dit, je tiens tout de même à lui laisser le bénéfice du doute. Ce n'est que le premier épisode, et on n'a pas encore vu le TARDIS. Et peut-être Jodie cessera-t-elle d'imiter David Tennant, mais j'en doute. Et peut-être arrivera-t-elle à avoir une personnalité suffisamment forte et originale pour la distinguer de ses prédécesseurs, mais vu que ses trois compagnons lui volent la vedette justement à cause de leur personnalité, là encore j'en doute. D'ailleurs, pourquoi trois compagnons ?
Je n'ai pas particulièrement apprécié la saison précédente, j'aurais préféré que Moffat se retire à la neuvième. Il avait toujours cette écriture particulière et aisément reconnaissable, mais il semblait essoufflé et être à court d'idées, ce qui s'est particulièrement ressenti sur le personnage de Billy, presque uniquement définie par son orientation sexuelle, et du coup pas intéressante pour un sou malgré des débuts prometteurs.
Le nouveau showrunner, Chibnall, semble au contraire plus à l'aise sur les perso secondaires que sur son Docteur, et c'est pas un bon signe. De plus, son écriture ne soutient pas la comparaison avec celles de Moffat et de Davies (voir le passage sur la création du... pfff... couteau suisse sonique et du téléporteur).
On verra bien à la fin de la saison. Si les épisodes suivants me laissent aussi froid que celui-ci, j'attendrai le dernier épisode pour donner mon avis sur la saison. Si c'est meilleur à mes yeux, j'en parlerai avant, si ça empire, j'en parlerai avant aussi.
Encore une fois, je crains plutôt le pire, les épisodes d'introduction du nouveau Docteur sont bons en général, mais celui-ci, loin d'être mauvais (et plutôt joli à voir) m'a laissé tout de même froid.