Acheté cette semaine en steel book et vu aujourd'hui.
Je vais pas revenir sur l'histoire, étant le dernier à l'avoir vu. Comme Vittorini, après le monceau de merdes que le film s'est pris sur la tronche, je suis moi-même surpris de constater qu'en ce qui me concerne j'ai passé un bon moment.
Je vais commencer par les reproches parce qu'il y en a quand même quelques-uns plus ou moins importants.
Le plus dérangeant, ce sont les facilités scénaristiques qui sont très visibles.
Diana a tout à coup la capacité d'utiliser un pouvoir de son daron qu'elle n'avait utilisé qu'une fois auparavant et là aucun souci, hop ! Un avion invisible ! Très pratique pour éviter de se faire repérer par les radars.
"Ah oui, cette armure ! C'était à une héroïne amazone, je l'ai retrouvée, je l'ai mise là, on sait jamais... pour la fin du film..." Ben perso j'aurais bien voulu voir comment elle l'a récupérée.
Le lasso de vérité qui permet de faire voir des trucs, de semble-t-il communiquer avec les gens, d'attraper les masses d'air et les éclairs, et qui est capable de s'allonger à l'infini comme le Nyoi-bô de Gokû dans Dragon Ball. À ce niveau-là ça devient un deus ex machina !
L'épée et le bouclier de Diana ont tout simplement disparu, à moins que je les ai ratés dans un coin de sa maison. En tout cas elle s'en sert jamais ici. Ça lui aurait quand même été vachement utile lorsqu'elle a perdu la moitié de ses forces.
Le réseau de diffusion télévisée globale de la Maison Blanche, une invention que l'entourage du président américain a mise au point. C'est bien pratique pour le plan de Lord, tiens...
Et bien évidemment, la continuité du DCEU prend un coup dans l'aile.
On voit bien que Diana cherche à être discrète lorsqu'elle détruit les caméras de surveillance dans le centre commercial, mais alors pourquoi porter son costume rouge et bleu vifs ? Et par la suite elle s'emmerde plus à passer inaperçue quand elle se bat dans la Maison Blanche ou qu'elle court à toute vitesse et s'envole en pleine avenue bourrée à craquer de gens.
Cette absence de profil bas casse beaucoup les acquis et le contexte de MoS, BvS et Justice League, c'est véritablement idiot. Qu'est-ce qui s'est passé, les gens ont tous été touchés par le syndrome de l'oubli ? J'espérais un contrecoup de l'annulation des voeux de Max Lord (un ressort scénaristique que je déteste habituellement, mais là c'était trop énorme pour ne pas le faire), mais c'est pas le cas, ou alors c'est pas clairement expliqué.
Et... bah... c'est tout pour ce qui m'a déplu. Les deux heures et demi sont passées relativement vite, c'était agréable.
J'ai bien aimé l'idée que les voeux ne se réalisent pas à partir de rien à proprement parler. Quand un homme souhaite la mort d'une personne, c'est une crise cardiaque, quand une femme souhaite que tous les irlandais retournent dans leur pays, les flics débarquent pour les embarquer, quand le collègue de Diana souhaite avoir un café, un autre collègue arrive avec un café en trop, etc. Et Steve Trevor ne revient pas des morts mais c'est seulement son esprit qui prend possession du corps d'un homme (oui, c'est invraisemblable, mais moins qu'un mort qui revient à la vie près de 70 ans plus tard). Dommage que d'autres souhaits cassent cette règle, comme le mur en Byalie et les missiles nucléaires qui apparaissent par miracle. Mais ça m'a pas gêné outre mesure.
Revoir Diana et Steve ensemble ça fait son effet. Les deux ont une très bonne alchimie à l'écran, et Patty Jenkins ne diminue jamais l'importance de Steve dans les scènes d'action. Le personnage est infiniment respecté et jamais rabaissé pour la blague. Les passages qui montrent le décalage temporel qu'il se prend dans la tronche vont du gentil chambrage comique (la poubelle, la scène des essais vestimentaires qui rappelle celle du premier film avec Diana) à l'émerveillement face aux avancées technologiques (le musée de l'aérospatiale, le métro), voire à de la belle poésie romantique : la scène des feux d'artifice qui est superbe et le speech de Steve sur le vol, le fait d'être porté par le vent, qui inspire plus tard Diana, c'est juste excellent.
Et tout ça rend d'autant plus poignant la scène de leur séparation, horriblement sèche et vite expédiée (à dessein).
Barbara Minerva et Maxwell Lord font de bons ennemis, chacun avec ses motivations et ses failles. Je les ai trouvés très humains et crédibles dans leurs caractères et avec leur passif. La première s'insère bien dans le sillage du second quand les intérêts des deux se rejoignent. Barbara ne veut pas redevenir celle qu'elle était auparavant et que personne ne remarquait, aussi elle devient la garde du corps de Maxwell lorsque Diana et Steve le prennent en chasse pour retrouver la pierre des souhaits et la détruire. Sa présence est du coup providentielle pour Max, qui peut ainsi leur échapper. La relation de ce dernier avec son fils est touchante, parce qu'imparfaite, ni idéale ni mauvaise. Max fait des erreurs avec lui mais sans mauvaise intention. Il aime clairement son fils, et son passé montre clairement d'où viennent ses failles ainsi que sa soif de pouvoir. Une des réussites du film.
Et pis bon, je me suis plaint de l'utilisation multi-tâches du lasso, mais je dois reconnaître aussi que j'ai ADORÉ voir Diana attraper des éclairs avec ! Et la scène où elle vole c'est tout simplement magnifique. J'achète. Sans le moindre regret. Si cette scène n'a pas la puissance (inégalée) de celle du No Man's Land dans le premier film, elle dégage tout de même une force lyrique assez impressionnante.
Pareil pour l'armure, je l'ai trouvée très classe, surtout avec les ailes.
Techniquement, c'est pas parfait non plus, mais les scènes d'action font le taf (la scène de poursuite en voiture en Égypte aurait cependant gagnée à être un poil plus longue) et la BO de Hans Zimmer donne de très belles variantes du thème de Wonder Woman, et une superbe et intelligente réutilisation du magnifique thème "Beautiful Lie" de
Batman V Superman.
Et enfin, cette suite réussit là où un paquet de suites de blockbuster faillent, en ce sens que Patty Jenkins évite de faire une resucée du premier opus. WW84 s'aventure sur un terrain plus terre à terre, sans surenchère, sans divinités ou monstres à abattre.
On a évidemment toujours droit à de l'action et de l'aventure, mais Jenkins cherche à enrichir les outils de son héroïne, son environnement et ses expériences, et encore un peu de souffrance, sinon c'est pas drôle.
Mais était-ce vraiment utile de situer l'histoire en 1984 ? Et bien, hormis la guerre froide avec l'URSS et les tensions en Afghanis... en Byalie, et peut-être aussi tout le contexte du soft power américain des années Reagan, la glorification du modèle américain, les excès, la surconsommation, l'envie de vouloir plus, ce qui assoit un peu toute la trame autour de Max Lord... Ben en fait y a quand même une certaine justification.
Maintenant, pourquoi 84 et pas 85, par exemple ? Pourquoi vouloir faire référence à l'oeuvre d'Orwell ? Là c'est moins justifié en revanche. La propagande est là d'une certaine manière, mais on est tout de même loin d'un système totalitaire et d'une volonté d'instaurer une pensée unique, ou même un réseau de surveillance internationale (même si on a une ébauche du truc avec le réseau de diffusion globale du président américain, mais c'est juste un outil scénaristique de plus). Pour le coup c'est une grosse occasion manquée, surtout avec un personnage comme Maxwell Lord, qui aurait pu utiliser un satellite du genre de Brother Eye, comme dans les comics, en fait.
Au bout du compte j'ai aimé, j'ai passé un bon moment, malgré ces défauts trop visibles.
Le film s'adresse à un large public, aborde tout de même des sujets sensibles (Barbara qui se fait agresser sexuellement en pleine rue) sans tomber dans le piège de l'excès et la morale facile et aberrante, sans pointer des doigts accusateurs (honnêtement je m'attendais à un énième propos ouvertement anti-Trump), écueil trop souvent utilisé ces temps-ci. Mais c'est avant tout un film qui donne la pèche, qui aime ses personnages et ne cherche pas à alléger son propos. Un film maladroit certes, parfois très maladroit, mais aussi très sincère et fait avec visiblement beaucoup de coeur.
Un film pas parfait mais qui fait un bien fou. En tout cas, à moi il m'a fait un bien fou, et j'en ai rudement besoin ces temps-ci.
Maintenant je vais me mater les bonus.
Edith : Et j'applaudis le caméo de Lynda Carter, que j'avais réussi à ne pas me faire sépaleurer. ^^