[UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Avatar du membre
Biggy
Super Boss
Messages : 2300
Enregistré le : 29 déc. 2012 09:19
Contact :

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par Biggy »

pulpy a écrit : Et l'histoire du Comédien, elle vaut le coup ?
Euh... comment dire... nan! :)

MFW a écrit :J'approuve c'est les deux séries qui sortent du lot Ozymandias et Minutemen. Et je suis désolé mais Spectre Soyeux c'est un coup de cœur aussi, c'est frais, c'est bien.
Yop, mon top 3^^
Avatar du membre
pulpy
Super Débutant
Messages : 65
Enregistré le : 26 févr. 2014 10:45

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par pulpy »

Oula, en effet, j'avais pas trop lu les avis sur la parution kiosque.

Je trouverai facilement de quoi le remplacer !
Avatar du membre
CaptainMasked
Super Elite
Messages : 3459
Enregistré le : 13 juil. 2013 18:53
Localisation : Annecy
Contact :

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par CaptainMasked »

De toute manière, d'après moi, la meilleure de toutes les séries c'est Ozymandias. Tant pour les sublimes dessins de Jae Lee que pour le scénario de Len Wein.
Aquaman
Super Héros
Messages : 7240
Enregistré le : 03 janv. 2013 19:31
Contact :

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par Aquaman »

Les deux meilleures histoires pour moi sont Ozymondias et Spectre soyeux tant pour le dessins que pour l'histoire. Après Rorsharch est pas mal niveau dessin mais l'histoire commence a devenir intéressente un ou deux numeros avant la fin.
On m'a dit 'Aqua, vas-y molo, molo, certains ici sont encore plus fragile que la défense du Barça'
Mav' 'Popol ruine notre pays' /// J'aime les glands
Avatar du membre
AAAAAq
Super Elite
Messages : 4451
Enregistré le : 31 déc. 2012 11:51
Localisation : Rarement ici :'(

Re: [UC : Kiosque] Before Watchmen

Message par AAAAAq »

Je me suis procuré les kiosques et lit séries par séries là. Hier, j'ai commencé :
Rorschach #1-4 dans Before Watchmen #3-4; #6-7
Image
Après avoir entendu pas mal de mauvaises choses concernant l'initiative Before Watchmen, j'avoue avoir eu un peu peur et, pendant un temps, m'être préparer à n'acheter qu'un album et c'était Rorschach. Mais bon, vous voyez, pour 15 € de plus, j'ai pu avoir tout le kiosque et au moins, je peux avoir une vue d'ensemble.

Ainsi, ce qui m'avait poussé à penser à l'achat unique de Rorschach, autre que le personnage bad ass qu'il est, était la présence de Lee Bermejo aux dessins que j'avais eu la chance de rencontrer à la Paris Comics Expo 2014 (mon Batman Noël en gardera la marque à vie ! :D). Le point fort de cette série est clairement le trait de Bermejo et surtout de la manière magnifique dont il est encré et coloré, respectivement par Lee Bermejo lui-même et Barabra Ciardo. Les pages sont, à chaque fois, des claques qu'on se prend à la figure et c'est tellement bon ainsi !

Brian Azzarello m'est moins familier, nul doute qu'à terme je me procure ses duos avec Bermejo que sont Joker ou son Lex Luthor lorsque ce dernier paraîtra en France, mais jusqu'ici il m'était quasiment inconnu. Loin de la qualité narrative ou de l'intrigue exceptionnelle que donnait Alan Moore sur Watchmen, Azzarello livre une mini-série sonnant tout de même comme un hommage au travail de Moore, ne serait-ce que la narration indirecte faites via le journal de Rorschach ou l'oppressante ville de New York, sujet récurrent dans l'oeuvre d'origine. On en apprend plus ou moins de nouvelles choses sur Rorschach, allant jusqu'à reprendre l'humiliation du héros de rue par les brigands comme dans le récit de Moore, montrant une fois de plus que les héros de Watchmen ne sont pas des super-héros à la Batman. Les seules reproche que je pourrai faire à cette histoire serait l'humiliation peut-être un peu trop présente de Rorschach et le corps du récit allant peu dans l'inattendu et tendant parfois vers des éléments que l'on voit venir de loin (
me dites pas que vous n'aviez pas pensé que la gentille serveuse allait se faire agresser par le méchant tueur en série ...
).

Rorschach est une avant tout une oeuvre d'art, chaque page mérite d'être encadré car Lee Bermejo livre un travail exceptionnel, quasiment de la trempe de Batman Noël où Barbara Ciardo établissait un travail encore meilleur ! L'histoire en elle-même peut pâlir de sa banalité par rapport aux histoires de détective actuels mais Azzarello fait un travail plutôt solide sur ces quatre numéros préférant laisser place au contraste entre l'univers de Watchmen et l'univers général de DC Comics, exploitant une des nombreuses ficelles d'Alan Moore sur Wacthmen.
Bill Dollar #1 dans Before Watchmen #7
Image
A ma grande surprise, Before Watchmen n'est pas constituée que de mini-séries. Ainsi, j'ai pu découvrir le one-shot sur Bill Dollar, un personnage dont il avait été fait mention dans Watchmen qui me semblait intéressant et qui, quelle aubaine, a le droit à son propre épisode à son nom !

Sur Bill Dollar est une one-shot écrit par Len Wein. Wein, comme Azzarello, m'était totalement inconnu avant la lecture de ce numéro et si Azzarello m'a donné le droit de lire un récit plutôt intéressant bien qu'avec ses défauts, Wein occupe lui le rôle du "bad cops". J'aurai dû lire Bill Dollar avant Rorschach, ce dernier serait passé comme une lettre à la poste tant le super-héros bancaire et son traitement par Len Wein m'a surpris dans un premier temps et dégoûté dans un second. L'histoire est un condensé de la vie de Bill plus ou moins intéressant il faut l'avouer. Le personnage souffre d'une caractérisation plutôt lisse et je n'ai pas réussi à m'y attacher une seule seconde durant la lecture de ce numéro. La narration omniprésente n'est pas dérangeante, mais que Bill parle de sa mort, c'est tout de même surprenant et très bizarre. De même, je le redis, mais la seule chose que donne cet épisode est un résumé de la vie de Bill, une ironie sur patte. Et puis, Bill n'est pas le seul à souffrir d'une caractérisation trop fade. Le monde de Wacthmen est totalement à côté de ce qu'avait décrit Moore et Gibbons, on est plutôt loin de l'univers oppressant et déprimant de l'oeuvre d'origine (peut-être est-ce parce qu'à cette époque, mise à part les chacals des banques tout le monde est parfait). Le développement est pauvre et les seules éléments intéressants de l'histoire furent les Minutemen, servant des personnages de second plan dans cette histoire.

Les dessins de Steve Rude me font penser, quand à eux, à une imitation de Darwyn Cooke ratée. Les pages sonnent fausses et la retranscription des scènes est parfois assez vagues à mon humble avis. C'est assez rude ( :jokerr ) de voir un Bill Dollar aussi pâle et sans émotions alors qu'ils semblent tout l'inverse.

Bill Dollar est une déception. J'eût espérer une histoire plutôt riche de sens, mais à la place, Len Wein donne une histoire bâclée, juste pour dire que la fin colle au détail cocasse qu'avait placé Alan Moore dans l'originale. Steve Rude semble avoir un art assez pauvre, ce qui ne facilite pas la lecture. C'est du fan-service irréfléchi. Et, comme je l'ai dit, le plus intéressant reste les Minutemen, dont je vais lire la série de ce pas avec le Darwyn Cooke originel et pas un fac-similé.

EDIT 21/09/2014 :
Minutemen #1-6 dans Before Watchmen #1-6
Image
Aussitôt dit, aussitôt fait ! J'ai lu Minutemen, une mini-série intégralement scénarisé et dessiné par Darwyn Cooke, un artiste qui semble complet mais que je ne connaissais jusqu'ici que de réputation.

Et dire que j'aurai pu passer à côté de ce récit ! Darwyn Cooke se fait plaisir en écrivant un prologue complètement assumé de Watchmen avec une narration comparable et des idées beaucoup plus aménagées et personnalisée pour l'occasion. Minutemen n'est pas qu'une simple mini-série donnant des détails sur des éléments qu'Alan Moore a placé dans son récit, c'est un ensemble de révélations et une aventure extraordinaire que Moore n'a sans doute pas imaginer et qui lui semblera sans doute hérétique tant Cooke prend des libertés, ou du moins, redéfinit certains personnages sans aucune incohérence cependant. J'ai bien pris mon pied lors de ma lecture de cette histoire innovante pour l'univers et obéissant sans aucun problème à l'ambiance posé par Alan Moore et Dave Gibbons dans le récit d'origine avec, sans compromis, des scènes de sexe, de violence, et du drama à n'en plus finir. Sérieusement, Minutemen, c'est bien ...

... et qu'est-ce que c'est beau ! Cooke et son style unique donne au récit l'aspect pulp's qu'il manquait peut-être dans le trait de Dave Gibbons. Mais Cooke ne vole pas la vedette au dessinateur au nom de singe (bah oui, faut bien éviter les répétitions) et adopte certaines idées esthétique de celui-ci (bien qu'en faites, on sait tous que c'est Moore qui a fait subir à Gibbons le supplice de retranscrire ce qui se passait dans sa tête) avec notamment le découpage en gaufrette ou l'exclusion des onomatopées ou presque, Darwyn Cooke n'ayant pas un trait assez physique pour suggérer ce qu'il est facile de résumer en un "Snap" ou autres.

Minutemen est une excellente surprise, ça a été plus d'une bonne heure de lecture que m'a donné Darwyn Cooke, un artiste complet qui donne un récit fort aussi bien scénaristiquement que visuellement !
Silk Spectre #1-4 dans Before Watchmen #1-3; #5
Image
Silk Spectre c'est l'histoire d'une mère et d'une fille, enfin, surtout d'une fille qui n'accepte pas que sa vie soit commandée par sa mère. C'est aussi l'idée expliquée en quelques dizaines de pages que les chiens font des chats. Une belle occasion de découvrir Amanda Conner à la fois au scénario et aux dessins et de (re)découvrir Darwyn Cooke, la secondant en tant que scénariste.

Encore une autre petite perle que cette mini-série en quatre épisodes. C'est plus qu'un prologue à Watchmen, encore une fois, c'est une histoire belle et emplie de bonnes choses. La protagoniste principale est une adolescente ou, au mieux, une jeune adulte; c'est la fille d'une dame qui ne veut que son bonheur mais qui n'est pas assez à l'écoute de son enfant; et, c'est surtout quelque chose de récurrent dans le monde d'aujourd'hui qui émoustillera un adolescent comme moi tout autant qu'une adolescente (si elle aime les comics m'voyez). C'est vraiment une jolie histoire qui reprend, là encore, certains codes de Watchmen et notamment le rapport de l'univers à l'histoire car ici, on est à San Francisco en plein "flower power" - quelque chose de très plaisant lorsque l'on situe les histoires dans un contexte propre. Amanda Conner et Darwyn Cooke offre une histoire riche, dense (au cas où vous n'aviez pas compris), agrémenté de scènes touchantes et d'une pincée d'humour. Tout ça sans s'écarter du contraste héros masqué/vie réelle que portait tant à cœur Alan Moore dans l'histoire originale et, vous aviez compris que ça m'était important.

Les dessins d'Amanda Conner et les jeux de couleurs de Paul Mounts en sont aussi pour quelque chose quand à la qualité du récit. Ils appuient tellement bien les moments durs de la vie de l'adolescente et assument totalement l'humour insufflé par le duo Cooke/Conner lors de certains scènes ! Autre fait remarquable, c'est le découpage des cases en gaufrette tout aussi présent que dans Minutemen et le bannissement totale des onomatopées ce coups-ci, histoire de ne pas cacher l'hommage à Wacthmen.

Silk Spectre est sans doute encore mieux que tout ce que j'ai pu lire en Before Watchmen jusqu'ici, plus recherché que Rorschach, plus intéressant encore que Minutemen et tellement plus profond que Bill Dollar !
Avatar du membre
Freytaw
Booster Gold Addict
Messages : 3584
Enregistré le : 02 janv. 2013 10:47
Localisation : Limoges
Contact :

Re: [UC : Kiosque] Before Watchmen

Message par Freytaw »

Vivement la suite, mais jusque là, on est d'accord ! Bon dieu que j'adore Amando Connor et que j'ai adoré Silk Spectre ! :) C'est clairement ma série Before Watchmen favorite, est de loin. Ne serait-ce que pour sa mise en page, son contexte très sixties, son ambiance, ses personnages. Tout comme les thèmes abordés avec intelligence. Une excellente mini.

Et Minutemen c'était vraiment sympa aussi, cela va sans dire ! Bien qu'au final, Cooke reprend simplement les évènements du livre de Hollis. Tout est de Moore dans cette mini, mais c'est réalisé avec talent, c'est évident.
anarchynpp
Super Elite
Messages : 3575
Enregistré le : 02 mars 2014 21:41
Localisation : Marseille

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par anarchynpp »

Je viens de lire Minutemen !


Sans être un chef d'oeuvre c'était une lecture agréable ! :) Les dessins sont sublimes, l'oeuvre de Moore est respectée ( en fait ça la complète à merveille ) et les personnages sont intéressants ( Silhouette est complètement géniale ! :D )
Le seul soucis étant que vu que ces personnages sont tous détestables, dur de s'attacher (
après le mort de Silhouette surtout :(
) . Et puis parfois ça traîne un peu dommage ^^


Mais une bonne lecture pas indispensable.
La révolution sera la floraison de l'humanité. -Louise Michel- Ⓐ
Avatar du membre
Hellblazer
Super Elite
Messages : 3461
Enregistré le : 27 févr. 2015 10:37
Localisation : Paris

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par Hellblazer »

"Before Watchmen : Dr. Manhattan" lu.

De tous les "Before Watchmen", c'était évidemment celui qui me tentait le plus, de part mon admiration, que dis-je, mon adoration, du personnage de Jon Osterman (enfin quand je dis "Jon Osterman" c'est plus histoire de varier les noms, après tout, on sait pertinemment que ce qui est fondamentalement intéressant chez lui n'est pas le côté Osterman, mais le côté Dr. Manhattan), et de part les artistes travaillant dessus (après je suis également fort intéressé par Lee Bermejo et Brian Azzarello, en tandem ou en solo, mais j'ai ouïe dire que leurs passages sur la série n'étaient pas les plus réussis...). Il est tellement rare de voir Adam Hughes s'occuper totalement du dessin d'une série que ça ne pouvait que valoir le coup.

Et en effet, ça vaut le coup.


Partie graphique

Déjà, donc, concernant le dessin. C'est un pur régal pour les yeux. On voit que Hughes a l'habitude avec les corps, principalement ceux des femmes. Ses influences plutôt rétro, façon affiches publicitaires américaines des années 60, collent à merveille à l'ambiance générale de "Watchmen" et sont donc tout à fait appropriées ici, apportant une certaine nostalgie dans le graphisme. Les costumes reprennent bien évidemment ceux de la série originale, mais on sent qu'il a aussi regardé le film de Zack Snyder, certaines cases reprenant des scènes et des images du film, vraiment. Et les personnages féminins que sont Janey Slater et Laurie Jupiter ressemblent plus à leurs interprètes Laura Mennell et Malin Ackerman qu'aux dessins de Dave Gibbons. Mais ce n'est pas un mal, cela modernise un peu l'ensemble, aide les gens ayant connu l'oeuvre grâce au film à mieux s'y retrouver. Je regretterai cependant presque qu'il n'ai pas fait la même chose avec les autres personnages dont on voit le visage à découvert, comme Adrian Veidt ou Jon Osterman, qui ne ressemblent pas vraiment à Matthew Goode et Billy Crudup. Mais peut-être trouvait-il que ces visages-ci n'avaient pas besoin de "mise à jour" depuis Gibbons, ou que les acteurs s'éloignaient trop du physique du comics, bref, qu'en sais-je. Et ceci n'est qu'un détail.

La mise en page est très intéressante et très fouillée. Selon moi, le comics de base est un très bon exemple de mise en page travaillée, déjà, puisque les cases répétitives suivent tout à fait le discours, et permettent une modulation facile en cases à proportions égales. Le temps, la répétition, l'inéluctabilité, c'est ce que l'on sent derrière ce découpage qui peut paraître oldschool (alors qu'à la même époque, ce n'était pas un découpage dans la norme spécialement, preuve donc qu'il ne s'inscrit pas dans une époque mais dans une volonté claire des auteurs), mais qui finalement est une idée brillante et intelligente pour lier forme et fond.

Ici, bien que le découpage en cases similaires tout le long de l'ouvrage soit abandonné, on a un travail très recherché, un effet de miroir pour toutes les possibilités quantiques de Jon Osterman et de son alter-ego. Parfois, les enchaînements d'une case à l'autre sont tellement parfait que l'on ne peut qu'imaginer une animation dans la scène, un fondu d'une vignette à l'autre, parfait. D'ailleurs, si l'envie prenait un jour à quelqu'un (pourquoi pas Snyder ?) de réaliser ces histoires, au moins quelques-unes, non pas en film mais en animation, ça serait une très bonne idée à mon goût (mais peut-être pas en y réfléchissant). Bref, en tout cas certaines séquences seraient magnifiques. Je pense notamment à un moment où l'on s'éloigne de la Terre, le Soleil apparaissant derrière comme à contre-jour, puis le halo lumineux qu'il créé (naturellement artificiel puisque du à un appareil optique, ne se trouvant donc pas dans la réalité naturelle du monde, mais pouvant ici être du, outre à une pure envie graphique, à l'idée de Manhattan observant tout cela de loin) s'agrandit jusqu'à ce que notre planète se retrouve en son centre, le Soleil en son point le plus haut. Cela ne vous rappelle-t-il pas le symbole de l'Hydrogène ? Case suivante, l'espace s'est teinté d'un bleu électrique, et les astres ont clairement pris la forme du symbole du Dr. C'est un exemple mais il y en a bien d'autres ainsi qui pourraient faire de très jolies séquences animées, car probablement pensées dans les faits pour créer une fluidité parfaite.

Autre élément de mise en page intéressant, lorsqu'on passe du point de vue de Manhattan à celui d'Adrian, on voit une page découpée en deux parties égales dans la largeur, avec l'un des deux personnages dans chaque case comme si celui dont on observait le point de vue regardait l'autre. Puis on doit retourner l'ouvrage, car tout est à l'envers pour différencier de qui lisons-nous les pensées. C'est simple, je ne dis pas le contraire, mais ça n'en reste pas moins intelligent pour autant.

Dernier détail que je voudrai relever concernant la partie graphique, à propos des pages (60 et quelques) qui se déroulent de nuit, sous la neige. Le dessin de la neige, justement, c'est ce qui m'intéresse, de la neige qui tombe. En fait, je crois qu'Adam Hughes a fait une "neige commune" à l'ensemble de chaque page. Enfin, je veux dire une neige commune sur chaque page, pas la même reprise systématiquement. Je veux dire par là que c'est comme s'il avait pris un calque format A4 sur lequel il avait dessiné des formes blanches, celles des flocons de neige, et qu'il avait posé ce calque sur la page dessinée en-dessous, une fois terminée. Je trouve que c'est là aussi plutôt intéressant, cela change d'une représentation de la neige case par case, comme un décor habituel, et cela donne une sorte de cohérence d'ensemble à la chose, ou de brouillard, comme si tout, finalement, ici, c'était passé sans que rien ne puisse changer, mais dans les tréfonds de la mémoire de Jon ; tout ça est un événement, une chose, un bloc, qu'il ne peut contrôler ni modifier. Après, c'est peut-être une libre interprétation de ma part.

Bon sinon, j'ai relevé un petit faux-raccord de comics, au bas de la page 28 (première fois que cela m'arrive). Alors que l'on est centré sur le visage du Dr., vous pouvez remarquer un souci au niveau de ses yeux, qui ne sont pas ici soulignés de noir comme ils le sont toujours dans le reste de l'ouvrage ou dans toute représentation du personnage, d'ailleurs. Petit défaut du à la colorisation, peut-être ? Bien insignifiant, je le signalais juste.

(Je viens de remarquer que je m'étais beaucoup étendu sur la partie graphique... désolé.)


Partie scénaristique

Bon maintenant, concernant l'histoire en elle-même, qu'en est-il ? Comme dit par TheRiddler dans sa review de l'ouvrage, on a un côté très didactique dans tout cela, on suit le cheminement de penser du personnage, une évolution venant chapitre après chapitre. Mais cela ne m'a pas dérangé, au contraire, cela permet d'entrer progressivement dans le récit et de suivre plus facilement le cours de sa pensée, alors qu'on aurait très bien pu être largué complètement. C'est un peu comme le découpage des films de la trilogie "Matrix" des Wachowski, chaque film est une pierre qui va dans sa direction, toutes se suivant au fur et à mesure pour arriver à l'idée finale. C'est didactique mais cela donne une identité propre à chaque chapitre tout en l'intégrant à l'entité générale.

Au début, même si c'était déjà très bien fait, j'avais peur que la version du Dr. Manhattan qui nous était livrée là vienne un peu briser celle de l'oeuvre originelle. Chez Moore, on nous dit que le Doc' est un être surpuissant, mais qui est finalement le plus aliéné de tous dans l'univers. Ici, le pitch de base était qu'il était un observateur quantique, illustration parfaite du Chat de Schrödinger regardant lui-même le Chat de Schrödinger dans la boîte avec l'infinie variation de possibilité. Donc là, il pouvait décider, et chacun de ses choix divisait les possibles en différents futurs, à partir de racines venant de son enfance, ce qui allait à l'encontre du Manhattan moorien. En fait, s'arrêter là est ne faire qu'effleurer l'oeuvre de Straczynski, puisque c'est justement ce fait qui sert de dilemme au Dr., et qui permet la réalisation de l'histoire de "Watchmen" telle qu'on la connaît.

Et ça, franchement, ainsi que le cheminement qui y mène, cela rend caduc le paradoxe que j'ai toujours vu autour du personnage, puisque cela y répond. En soi, Manhattan est l'être le plus aliéné de la Terre, parce qu'il a lui-même décidé de s'aliéner pour la Terre, pour la survie de la planète (pas de la vie en soi, de la planète seulement, puisque son attrait pour la vie viendra après la conversation du Mars, la plupart du "Before Watchmen" se passant concrètement alors qu'il vient d'arriver sur la Planète Rouge). C'est un très bon coup qu'a réussit là le scénariste. Il se sert de pistes évoquées, à peine, par Moore, des paradoxes qu'il a créé il y a maintenant 30 ans, et qui rendaient son oeuvre si mystérieuse et complète le personnage de façon admirable, offrant non pas une nouvelle vision de ses possibilités infinies, mais en tout cas une explication à cette aliénation forcée, qui n'est ici pas vu comme une fatalité imposée par le monde, mais une évidence imposée par Manhattan lui-même. C'est vraiment très intéressant comme questionnement et comme idée, je trouve.

Parfois, Straczynski reprend des passages de l'oeuvre originelle (j'oserais dire des passages complets au mot et à la scène près, mais mon exemplaire est chez moi, non chez mes parents, donc aujourd'hui je ne l'ai pas), et il n'a pas besoin de les modifier pour que le sens qu'il veut leur donner nous apparaisse. C'est vraiment tout le génie de son travail, avoir su s'insérer dans les vides, les doutes, les flous, de l'oeuvre moorienne, pour y apporter une nouvelle vision, peut-être pas LA vision, mais en tout cas une nouvelle vision très intéressante, et qui peut apporter beaucoup de réponse. Rendre plus dur le combat d'Ozymandias, montrer que lui-même s'en veut d'infliger ça au Dr. et veut qu'on le rassure sur la justesse de ses actes. Plus grand son sacrifice. Et tout aussi grand celui du Dr.

Si le passage se déroulant pendant la 2nde Guerre mondiale peut paraître trop courant, trop facile, je l'ai vu d'un plutôt bon oeil. Jon Osterman, d'origine autrichienne. Certes, Moore a pu l'appeler ainsi en hommage à bien des savants géniaux qui étaient d'origine germanique, mais je suppose que dans sa tête pouvait trotter une idée de rapport avec ce conflit d'importance. Disons que cela créé une petite origine, certes facile, mais un peu plus développée au personnage avant sa transformation. Et cela permet d'aider à comprendre l'obsession de son père (et en soi de lui-même) pour les mécanisme, pour que tout soit bien réglé... Il y a une belle leçon d'humilité là-dedans, certes déjà vue, mais tout de même belle et efficace. Un poncif, mais un poncif qui marche.

Rapport à la fin, j'ai une question qui me taraude, en revanche (n'ayez crainte, j'éviterai les spoilers). Dans l'oeuvre de base, que dit Manhattan ? Qu'il veut "créer de la vie", et non "de la vie humaine", n'est-ce pas ? En tout cas c'est ça dans le film. J'ai un doute, maintenant, dans la reprise de l'une des scènes de fin du comics d'origine, là, Adrian dit "Mais tu avais retrouvé de l'intérêt pour la vie humaine..." ce à quoi le Dr. répond "Oui, en effet. Je pense que j'en créerai même moi-même". Ce n'est peut-être qu'une question de formulation, mais ici on dirait qu'il compte ne créer que de la vie humaine, là où il me semble que c'est la vie en général pour laquelle il avait retrouvé de l'intérêt dans l'oeuvre moorienne, non ? Ca ne change pas grand chose en soi, c'est un fait, et cela expliquerait pourquoi, dans la scène de fin de ce comics-ci, il y a des arbres là où il se rend, les arbres signifiant déjà une étape avancée de la vie. Voilà voilà... Je me demande juste si là Straczynski a modifié ce qui est dit originellement ou non ?

(En fait je me suis encore autant étendu que pour la partie graphique... re-désolé)


Divers

Si j'avais quelques critiques à faire, ce serait plus sur le travail d'Urban. C'est très sympathique à eux de mettre des bonus, j'aime assez les recherches sur les personnages, sur les couvertures... Mais quitte à mettre des bonus, autant en mettre plus. Je ne sais, une interview des artistes, quelque chose, un mot de la fin pour conclure le 8ème et dernier tome de la série des "Before Watchmen"... Mais non, pas ici, dommage. Mais c'est vrai que c'est pinailler, l'ouvrage est d'une telle qualité, tant pour le contenu que pour le contenant, que critiquer outre mesure serait inutile et futile. Ah, aussi, il est trop court. Mais bon, ça c'est parce que je ne bouderai jamais mon plaisir à lire des choses (quand elles sont valables, bien faites et utiles) sur le Dr. Manhattan. Et puis plus long, peut-être que cela aurait perdu en qualité. Là, j'ose dire que c'est parfait. Cela nous promet des choses, et on en a finalement plus encore. Que demander d'autre ?


Bilan général

Bon, comme j'ai du m'arrêter plein de fois pour cette review, je ne suis plus sûr de réussir à trouver un fil conducteur cohérent, je vais donc la finir maintenant. Mais je trouve que cela résume plutôt bien ce que j'en ai pensé.

Alors, finalement, qu'en dire ? Je suis très satisfait de cette lecture. Je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il s'agit d'un ouvrage indispensable, étant donné que "Watchmen" est une oeuvre tellement immense qu'elle se suffit à elle-même, on peut créer des choses qui lui apporteront des plus, mais ce seront toujours des plus facultatifs ; malgré tout le respect et l'amour que je porte au film de Snyder, il n'a pas révolutionné l'oeuvre, il l'a modernisée, certes, et en a livré une adaptation que je trouve juste parfaite et qui en fait mon film de superhéros préféré (que c'est réducteur de limiter le film à cela), mais il n'a pas apporté quelque chose de fondamental au comics. Ici, c'est pareil, et sans doute cela est-il applicable à l'ensemble des "Before Watchmen" que je lirai tous tôt ou tard. La mini-série du tandem Straczynski/Hughes est très belle, très agréable, très intelligente et approfondie l'oeuvre en lui donnant de nouvelles clés de compréhension, mais si vous ne la lisez pas, vous pourrez toujours autant apprécier le travail de Moore et Gibbons. Cela dit, si ce-dernier vous a plut, que vous aimez cet univers et que vous êtes intrigué par l'homme en bleu, "Before Watchmen : Dr. Manhattan" est le livre qu'il vous faut lire. Vous ne perdrez ni votre argent, ni votre temps. Moi, ce ne fut pas mon cas.

"Before Watchmen : Dr. Manhattan" est un livre qui ose, qui ne fait pas qu'ajouter de vagues histoires à l'oeuvre de Moore, il prend le parti de modifier la perception que les gens peuvent en avoir, de s'engouffrer dans des portes laissées entre-ouvertes par l'auteur de base... Et c'est mené avec une grande maestria. Je ne sais pas ce que j'en attendais, mais j'en ai eu plus.


Je suis fatigué de la Terre, de ces gens, fatigué d'être pris dans la confusion de leur existence.
Ils prétendent s'acharner à bâtir un paradis, mais voici que leur paradis est peuplé d'horreurs.

Peut-être le monde n'est-il pas fait. Peut-être que rien n'est fait.
Une horloge sans artisan.

Il est trop tard,
Il a toujours été,
Et il sera toujours...
Trop tard.
Modifié en dernier par Hellblazer le 16 mars 2015 13:48, modifié 1 fois.
Rien n'est plus beau et pathétique qu'une voiture sur le toit, les roues tournant encore, inertie lancée à perte et extinction. Plénitude du geste qui se perd, dans lequel tout s'achève. Reflet d'un monde où l'on se meut à vide, où l'on n'avance à rien.
Avatar du membre
TheRiddler
Super Elite
Messages : 4084
Enregistré le : 24 avr. 2013 21:16
Localisation : Fribourg, Suisse

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par TheRiddler »

Eh bien, très belle critique! C'est vrai que c'est dommage que Adam Hughes soit aussi discret actuellement, il fait vraiment du super travail!

Pour te répondre Straczynski a effectivement repris tels quels le dialogue d'Alan Moore :

Image

Donc j'imagine qu'il sous-entend de la vie humaine, probablement une manière d'accomplir le rapprochement entre Dr Manhattan et un dieu!
Avatar du membre
Hellblazer
Super Elite
Messages : 3461
Enregistré le : 27 févr. 2015 10:37
Localisation : Paris

Re: [UC : DC Deluxe] Before Watchmen

Message par Hellblazer »

D'accord d'accord, j'avais un gros doute sur le fait de savoir s'il parlait de la vie humaine ou de la vie en général. Je viens de vérifier, que ce soit en VO ou en VF, dans le film ils ne parlent bel et bien que de "la vie", pas "la vie humaine", c'est pourquoi je m'étais fourvoyé puisque c'est l'adaptation cinématographique qui n'a pas repris au mot près le comics.

Après ça ne change pas grand chose comme tu l'as dit et c'est plus une affaire de perception (je suis content d'avoir placé ça ici ^^). En soi c'est logique, aussi, puisque le détachement progressif de Manhattan vis-à-vis de l'humanité est surtout du au fait qu'il ne voit pas ce que la vie humaine a de plus que le reste, avant de se raviser et de comprendre le miracle que représente l'apparition d'une personne donnée au milieu du chaos d'improbabilité que représentent les croisements de vies qui aboutissent finalement à ce résultat. Mais j'ai toujours étendu le parallèle au-delà de la vie humaine, à la simple improbabilité de la vie elle-même, ce que Moore fait aussi à la fin de son livre, finalement, mais en restant en termes humains, avec donc une idée de conscience, de présence, etc. C'est subtile, c'est vrai, plus que d'avoir ôté le mot "humaine" dans le dialogue comme dans le film.


Aussi, j'ai oublié de parler dans ma critique d'un autre coup de génie de Straczynski : l'explication autour des téléportations de Manhattan. J'aime l'idée. Jusqu'à présent, comme tout le monde probablement, je croyais qu'il déstructurait simplement son être et celui de toute personne qu'il veut faire bouger, pour restructurer ensemble les particules en un autre endroit. En fait non, c'est plus fort que ça, et ça fait appel à la relativité générale d'Einstein. Courber l'espace (et donc invariablement le temps) autour de son corps pour que ce ne soit pas lui qui se déplace, mais que ce soit le monde qui bouge autour de lui. Comme le dit Veidt "C'est plus facile pour toi de déplacer l'univers... que de te déplacer ?"


Néanmoins, je viens d'y penser, cela me pause problème qu'il en parle à Veidt... Dans cette même scène, il fait comprendre à Adrian que même s'il peut aisément déstructurer puis restructurer son corps et celui d'autrui ("Pas forcément plus facile. Moins destructeur, disons. Enfin, pour toi"), il choisit plutôt de courber l'espace. En ce cas, pourquoi dans l'oeuvre originale Ozymandias essaye-t-il de séparer son champ intrinsèque pour le faire disparaître en même temps que Bubastis ? Si cette conversation a eu lieu, il sait que Manhattan peut se désintégrer puis se réintégrer à volonté.

Pire encore, car si cette faute peut être imputable à Straczynski, l'incohérence demeure même dans l'oeuvre de Moore. En effet, Adrian est l'homme le plus intelligent du monde, et s'il n'a jamais eu cette conversation avec le Dr., il est donc logiquement persuadé que celui-ci ne courbe pas l'espace mais sépare et réassemble bien ses molécules à chaque trajet. Donc... encore une fois, l'idée de le désintégrer comme il tente de le faire à la fin du roman graphique n'a pas de sens puisqu'il sait que cela n'aurait pas pu marcher.

Donc soi une incohérence s'est glissée à l'intérieure même du "Watchmen" originel, soit Veidt fait ça uniquement pour gagner du temps et sait pertinemment que cela ne pourra rien faire à Manhattan, soit je me suis planté et finalement une explication plus logique se cache derrière. Je serais ravi d'avoir tort cela dit.


Et sinon, merci pour ce compliment, TheRiddler =)
Rien n'est plus beau et pathétique qu'une voiture sur le toit, les roues tournant encore, inertie lancée à perte et extinction. Plénitude du geste qui se perd, dans lequel tout s'achève. Reflet d'un monde où l'on se meut à vide, où l'on n'avance à rien.
Répondre