[UC : DC Archives] O.M.A.C. (2014)

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Biggy
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[UC : DC Archives] O.M.A.C. (2014)

Message par Biggy »

Lu!

Quel plaisir de découvrir qu’Urban nous propose un nouvel ouvrage signé des mains du maître Jack Kirby ! Après les deux volumes (passionnants) de Kamandi et avant l’arrivée en janvier du Quatrième Monde (tant attendu), nous avons le droit aujourd’hui à O.M.A.C. (One Man Army Corps) (beaucoup mieux que l’horrible Organisme Métamorphosé en Armée Condensée…).

Petit employé de bureau sans importance, Otto Ordinaire devient le champion de l’Agence Globale pour la Paix lorsqu’il est modifié en O.M.A.C. :
ORGANISME MÉTAMORPHOSÉ en ARMÉE CONDENSÉE, guerrier redoutable et dernier espoir d’un futur déshumanisé.
(Contient : OMAC by JACK KIRBY)

A l’instar de Kamandi, Jack Kirby nous offre avec O.M.A.C., une nouvelle plongée dans le futur. Et bien que toujours aussi pessimiste, l’auteur a toujours assurer que les mondes de Kamandi et celui d’Otto Ordinaire n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Les spécialistes n’en sont pas aussi sûrs, mais cela est un autre sujet.
Nous sommes donc dans un futur à la technologie a pris, quasiment, le dessus sur l’humain. Mais malgré toutes ces innovations, tout ce progrès technologique, le mal est toujours là et continue de ronger les hommes et la planète. Pour combattre le crime, le monde possède l’Agence Planétaire de la Paix (ou l’A.P.P.), où les hommes qui la composent sont tous masqués afin de ne pas dévoiler leurs origines et ainsi pouvoir représenter toutes les nations. Et la dernière trouvaille de l’A.P.P. pour combattre le crime, c’est l’Œil, un formidable satellite capable de transformer l’humain le plus médiocre, le plus insignifiant en véritable machine de guerre, en O.M.A.C. !

Le faible Otto Ordinaire se voit être choisi pour devenir O.M.A.C., grâce à l’Œil, il devient un être quasiment sans limite, grâce au soutien de l’œil depuis l’espace. Une force inouïe, une résistance hors du commun, une véritable armée (tanks inclus) en un seul homme. Mais malheureusement, la personnalité d’Otto est, elle, complètement mise en sommeil.

A travers huit épisodes, Jack Kirby nous fait découvrir un monde où la technologie est très avancée, où elle rend la vie tellement confortable, mais à chaque fois, Jack Kirby réussi à retourner cela pour montrer le danger que cette technologie représente. Véritable visionnaire, sorte de Léonard de Vinci des temps modernes, le génial scénariste s’amuse à imaginer un futur où les femmes se monteront en kit, où l’on pourra changer de corps lorsque l’on sera trop vieux, où les satellites pourront nous transformer en Superman. Mais comme pour tout, ces idées, ces inventions ne sont pas l’apanage des gens de bien, les criminels aussi y auront accès.

O.M.A.C. va donc affronter des criminels, de vrais méchants qui ne reculent devant rien pour accomplir leurs méfaits. Et Jack Kirby va, très souvent, faire le lien entre ces ennemis implacables et Hitler et ses nazis ! Et les références à ce mal absolu sont assez fréquentes et surtout non dissimulées. Et quand on connaît le passé de Kirby (fait qu’il soit juif, et qu’il est participé, en Europe, à la guerre contre le nazisme) cela à encore plus d’impact. Mais cela montre à quel point l’A.P.P. créée par Kirby s’apparente au bien absolu selon l’auteur, vu qu’elle s’oppose au mal. Etonnant, car au premier coup d’œil, l’A.P.P. fait plus penser à une force policière ultra intrusive et ayant un regard sur tout. (Qui a dit que cela fait penser à ce vers quoi on tend actuellement ?)

Mais cela est à l’image de toute la courte série de Kirby. Sa vision du futur est terriblement pessimiste. Chacune de ses idées, chacune de ses inventions est systématiquement retournée et l’on n’en retient que le côté néfaste. C’est tout aussi vrai pour O.M.A.C. ! Lors du dernier chapitre, le pauvre Otto retrouve le contrôle de son corps et n’a aucun souvenir de ce qui lui est arrivé, n’étant devenu qu’une simple enveloppe pour O.M.A.C., et il n’y a qu’à voir l’Œil qui parle d’O.M.A.C. comme étant une chose, une cible et non un homme. Et on est en droit de se demander si Kirby avait vraiment tort dans sa vision futuriste de notre monde. Certes nous ne sommes pas au point que le scénariste craignait, mais force est de constater que notre monde est devenu, grâce à la technologie, un véritable refuge d’assistés, où la technologie est devenue l’attrait principal d’une grande majorité. Il suffit d’aller dans un restaurant et de voir le nombre de personnes sans vie sociale, cloîtrées sur leur smartphone…

Si le scénario de Kirby est passionnant, bien que souvent loufoque, ses dessins le sont tout autant. Dans son style si caractéristique, tout en explosivité, en agressivité. Le style ne plaît pas à tous, malheureusement, mais plus on lit du Kirby et plus on tombe forcément amoureux de ses dessins ! Si ses personnages peuvent sembler agressifs, ils n’en demeurent pas moins riches en détails eu au niveau du design. Et que dire de ses décors, de ses explosions, de sa mise en page, le tout nous explosant au visage lors de ses doubles-pages inaugurales (comme dans Kamandi). On est d’autant plus ébahit lorsqu’on arrive à réaliser que ces dessins si vivants ont plus de quarante ans !

Bref, une nouvelle fois Kirby fait mouche ! A l’instar de Kamandi, le scénariste nous fait part des ses craintes pour le futur à travers son imagination ne connaissant aucune limite. Et si tout s’enchaîne à un rythme endiablé, si la fin nous laisse un goût amer dans la bouche de par la fin brutale de la série, si comme souvent le scénariste se permet quelques raccourcis un brin facile, O.M.A.C. est un véritable bijou à lire.
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Strax
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Re: [UC : DC Archives] O.M.A.C. (2014)

Message par Strax »

O.M.A.C
Jack Kirby
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"Voici venue l'ère des super-riches ! Et les complications qu'engendre le règne de l'argent et de la technologie provoquent des situations compliquées... potentiellement mortelles !"

L'Agence Planétaire de la Paix (ou APP), qui fut autrefois la NASA, est une organisation sans frontières et sans visage, représentant toutes les nations du monde. Vouée à la suppression de toute forme de violence, elle s'apprête à lancer son projet grâce à deux éléments : sa maîtrise de l'aérospatiale et des satellites artificiels, et un homme sélectionné selon leurs critères, qui deviendra OMAC, ou Organisme Métamorphosé en Armée Condensée (One Man Army Corp). OMAC, c'est l'alliance entre l'Oeil, le satellite le plus sophistiqué de cette époque, presque omnipotent et omniscient, créé par le Professeur Myron Forest, et Otto Ordinaire (ou Buddy Blank en vo), simple employé d'une compagnie suspecte aux yeux de l'APP, "Simili-Sapiens". Sans qu'il ait son mot à dire, le pauvre homme malchanceux se voit atteint par un rayon de l'Oeil qui le change spectaculairement en super-soldat, exécutant les ordres de l'APP et de l'Oeil.
La première mission d'OMAC le mène à détruire l'entreprise Simili-Sapiens, qui créé des mannequins à forme humaine, des gynoïdes créés pour satisfaire les plus bas désirs humains, mais dont le véritable but est d'ordre militaire, voire terroriste.
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Plusieurs questions traverseront la tête du lecteur au fur et à mesure de la lecture, concernant l'organisation APP et ses motivations, ainsi que les moyens utilisés. Les organisations qu'elle combat ne sont pas moins inhumaines que l'APP. S'agit-il de justice ? De combat pour un monde meilleur ? Ou simplement d'une lutte pour la suprématie, où finalement, entre plusieurs maux, il faut choisir le moindre ?
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Mr Big, riche parrain de la pègre, n'ayant aucune difficulté à corrompre le maire d'une métropole pour s'accaparer une ville entière comme lieu de fête privée le temps d'une nuit, mais dont le véritable but est plus sordide encore; le Maréchal Kafka, foudre de guerre à la tête d'une armée de 100000 mercenaires, vivant des conflits et faisant en sorte qu'ils perdurent; La Cabale du Crime, réseau de trafic de corps humains, afin de transplanter les cerveaux des riches clients dans des corps de jeunes adultes, contre leur gré évidemment; Sandor Skuba, savant fou, désirant assécher toutes les mers de la Terre, afin de revendre l'eau au prix le plus fort. OMAC devra affronter ces hommes, ces organisations d'une autre époque, témoignages du pessimisme, voire plutôt du réalisme d'un Kirby qui ne croit nullement en un futur pacifique, et pour qui la bonté et l'idéalisme de la nature humaine ne sont que des voiles facilement déchirés, dès lors que les billets verts entrent en ligne de compte, à l'image de Buck Blue. Petite frappe en voie de rédemption, à la recherche de sa petite amie enlevée par ceux-là mêmes qui l'emploient, il se ravisera finalement devant une proposition "d'évolution sociale" de ses patrons.
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Face à ce prisme de la malveillance et de la corruption humaine, l'APP semble être un îlot d'idéaux subsistant encore à la surface de ce monde futur. Mais très vite, on commence à déceler que dans cette organisation quelque chose ne tourne pas rond.
Les membres de l'APP semblent toujours détachés de tout contact, à commencer par le fait qu'ils se cachent perpétuellement le visage. Mais ils ont aussi pour ordre de ne jamais attaquer, de ne jamais tuer, faisant d'OMAC leur instrument, leur armée. Ils sont aseptisés, et bien que leurs actions démontrent clairement qu'ils oeuvrent pour la paix dans le monde, on ne peut s'empêcher de voir en eux une espèce de multinationale sans visage, une World Company qui se donne une façade respectable et qui, tel Ponce Pilate, se lave les mains de toute violence (en confiant le sale travail à OMAC), et se débarrasse finalement de ceux qui pourraient lui disputer sa suprématie.
Après tout, son but affiché est de mettre fin aux guerres et, par extension, de se débarrasser des armes, ce qui aurait pour finalité de faire d'OMAC la seule arme au monde. Capable à lui seul de battre une armée de 100000 hommes, OMAC, ou plutôt Otto Ordinaire, n'est-il pas au final la première victime de l'APP ?
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Réduit à l'état d'instrument militaire, il n'a pas eu son mot à dire dans l'opération. Sa première mission relève d'ailleurs une forte symbolique, puisque non seulement il détruit l'usine dans laquelle il travaillait, mais également Linda, son amie, qui n'était rien d'autre qu'un produit de cette usine. Il met ainsi fin à tout lien qui semblait définir sa vie précédente (dont on ne connaît que peu de choses finalement), laissant le champ entièrement libre pour OMAC, et ne réduisant Otto Ordinaire qu'à un lointain souvenir.
Agit-il sous sa volonté propre, ou bien est-il sous l'influence de l'Oeil ? Dans la dernière aventure contée par Kirby, OMAC redevient Otto et ne se souvient pas du tout de ses expériences en tant que super-soldat.
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Ainsi, sans équivoque, il est l'instrument de l'Oeil, le réceptacle d'un surhomme exécutant d'une organisation dont les véritables motivations, celles imaginées par Kirby, ne nous seront jamais dévoilées. En effet, la série se termine en queue de poisson, à son huitième chapitre, Kirby repartant alors chez Marvel, et DC n'ayant pas de projet à terme pour une série qui n'a jamais trouvé son public.
On ne peut alors que s'en remettre à nos propres déductions et théories, comme le fait d'ailleurs brillamment Jérôme Wicky (traducteur / adaptateur d'OMAC) en postface de cette édition Urban, dressant par exemple un parallèle très intéressant entre OMAC et l'imagerie japonaise des super-héros, les sentai, voire même avec Tetsuwan Atom (Astro le Petit Robot), comme lors de la scène où l'APP présente à OMAC ses "parents".
On y apprend également que OMAC, l'oeuvre, est finalement connectée à Kamandi, et que le grand-père de Kamandi, qui apparaît dans le premier chapitre de l'oeuvre éponyme, ne serait nul autre qu'Otto Ordinaire !
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Quoi qu'il en soit, OMAC est une histoire à lire. Sur de nombreux points, elle préfigure le monde dans lequel nous vivons, et certains parallèles auront de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête !
OMAC fait partie des oeuvres les plus cryptiques du King. Il s'agit peut-être même de son oeuvre la plus cryptique. Trop en avance sur son époque ? Beaucoup d'éléments dans cette histoire qui date de la moitié des années 70, semblent confirmer ce fait.
C'est une lecture enrichissante, et qui encourage le lecteur passionné à voir au-delà de ce qui lui est présenté. Moins révélatrice et explicite qu'a pu l'être Kamandi (*), cette oeuvre du King n'en est pas moins tout aussi généreuse et percutante, et souvent en avance sur son temps (ainsi OMAC fait l'expérience du cinéma / jeux vidéo en réalité virtuelle !).
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OMAC tient autant d'un Captain America (Mark Evannier précise d'ailleurs dans son édito que le concept d'OMAC est à la base une version futuriste de Captain America) que d'un James Bond. Dépendant de l'Oeil, son dieu robotique, son Deus Ex-Machina, pour lui livrer les forces nécessaires à ses expéditions, il n'est pas aussi libre que ses modèles. Héros, instrument et prisonnier d'un système voué à terme au totalitarisme, est-il condamné à n'être que la personnification vivante d'une propagande, une fois l'APP débarrassée de ses "concurrents" ? Ou bien trouvera-t-il la force, et surtout la volonté, de se rebeller ?
Voilà dans quel état vous vous retrouverez à la fin d'OMAC, plein de questions, de théories. Mais même au premier degré, OMAC est une lecture captivante, pleine d'action avec très peu de temps morts, et un dessin nerveux et dynamique, dans le plus pur style de Kirby !
A lire et relire d'urgence !
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* : Bien que Kamandi soit assez sibyllin concernant la catastrophe planétaire qui a causé le chaos, les intentions du héros sont rapidement et facilement compréhensibles, et ce dernier est libre de ses actions.
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TheRiddler
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Re: [UC : DC Archives] O.M.A.C. (2014)

Message par TheRiddler »

Merci pour ta critique Strax!!! Bien écrite et précise, comme d'hab! J'avais loupé le côté ambigu de l'APP à ma première lecture, déçu de voir que je le seul naïf :D Il est un peu passé inaperçu ce petit bijou de Kirby j'ai l'impression, dommage!! Tu vas lire/faire une review de son itération New 52 dans la foulée tu penses?
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Strax
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Re: [UC : DC Archives] O.M.A.C. (2014)

Message par Strax »

TheRiddler a écrit :Merci pour ta critique Strax!!! Bien écrite et précise, comme d'hab! Il est un peu passé inaperçu ce petit bijou de Kirby j'ai l'impression, dommage!! Tu vas lire/faire une review de son itération New 52 dans la foulée tu penses?
Merci à toi Riddler ! :-D
Je parlerai peut-être aussi d'OMAC version N52, mais pas dans la foulée !
Y a encore quatre autres titres, ou plus, je ne sais pas encore, avant que j'y pense (mais normalement, ça devrait se faire, puisque j'ai beaucoup aimé cette version aussi) ! ^^
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Resendes
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Re: [UC : DC Archives] O.M.A.C. (2014)

Message par Resendes »

O.M.A.C par Kirby
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Plus de quatre années après le dernier message sur ce sujet, je remonte le topic suite à la fermeture du comics en question. Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que je compte enfin me lancer dans Infinite Crisis et par conséquent je suis en plein dans le Quatrième Monde (me reste un tome à lire) et également O.M.A.C pour préparer le premier tome de IC. Je donnerais mon avis plus tard sur la saga du Quatrième Monde, mais difficile de ne pas faire le parallèle entre les deux écrits de Kirby. Les deux fourmilles d'idées, mais la ou dans le Fourth World, Kirby s'éparpille et arriverait presque à perdre le lecteur, l'autre récit de Kirby est tout aussi inventif mais avec une réelle continuité et sans jamais s'éparpiller et être en avance dans son temps au niveau des thèmes proposés.

O.M.A.C par Kirby c'est clairement intelligent et même si je ne ferais pas l'affront de dire que j'ai toujours saisi le réel propos de Kirby, j'en ai assez compris pour voir à quel point le King était en avance et le tout avec une narration très bien rythmé et gérée. Au final, que ce soit via ses histoires et ses dessins, cette nouvelle création de Jack Kirby est une véritable réussite ! Je ne peux que recommander d'autant plus qu'à la vue du faible nombre de messages, elle semble être très sous-estimée ..
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