[UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

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mavhoc
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par mavhoc »

DarkChap a écrit :AAAAAq parlait de Watchmen. Le traitement des personnages et de la mise en scène est plus "moderne" et les idées sont bien plus approndies mais fondamentalement, Watchmen reprend le thème introduit par GL/GA et qui a été repris par le Bronze Age of Comics dans son ensemble, à savoir la confrontation du superhéros à la réalité, ce qui n'est pas surprenant, le Dark/Modern Age n'étant à bien des égards qu'un développement du Bronze.

Je rebondis que là où mon avis peut être intéressant (pour le reste, j'ai pas lu l'ensemble du recueil donc je pense vraiment que mon avis est inutile). Effectivement, mettre Watchmen et Green Arrow/Green Lantern dans le même panier, c'est un peu fort. Et ce n'est pas parce que Watchmen touche des thèmes qu'on peut trouver dans GA/GL qu'on peut relier les deux avec une facilité déconcertante. D'ailleurs, DarkChap, dans un sens, semble aller dans mon sens. En effet, dire que le Modern Age est le fils spirituel du Bronze Age (qui a vu le jour avec comme thématiques : le racisme, la drogue, la mort) c'est reconnaître que c'est lié, que les sujets sont liés.
Pour autant, la confrontation des super-héro au monde réel se retrouve dans la quasi-totalité des oeuvres de cette ère, aurions nous raison, alors, de tous les mettre dans le même panier que Watchmen ? Certainement pas.

Watchmen est une oeuvre majeur de manière interne et externe. Je vais m'arrêter trente secondes sur la notion d'externe pour donner une info qui ne plaira pas à la majorité des forumeurs mais : le comics de super-héro est un genre qui n'influence, finalement, que bien peu la bande-dessinée dans son ensemble. C'est un genre qui a de tel codes, de telles obligations que c'est difficile pour le comics d'influencer l'ensemble de la BD.
On adore les dessinateurs de comics, mais si on prend tous ceux qui officient chez DC, il y a moins de variation qu'entre 2 bloggeurs quelconque.
Je ne fais pas un procès d'intention au comics super-héroïque, loin de là, mais souligne que, finalement, peu d'oeuvre ont touché l'ensemble de la BD entant que tel. Green Arrow et Green Lantern, quand bien même certains lui trouveraient un impacte dans l'univers de la bande-dessinée globale (c'est à dire toutes les BD du monde entier quand même), celui-ci resteraient infiniment plus faible que Watchmen, qui est devenu une oeuvre culte, majeure et touchant des générations entières de dessinateurs.
Si je devais me servir d'une de mes fameuses comparaisons, je dirais que Goldfinger et On ne vit que deux fois sont deux James Bond avec Sean Connery, mais que l'un a eu un impact beaucoup plus ressenti (le premier pour les ignorants) sur la culture populaire mais également la culture cinématographique que le second. Les deux pourtant sont du même type, du même univers et avec des thématiques proches.

Là, je ne parle que de l'impact externe de l'oeuvre, que ça soit dans la pop-culture mais aussi dans la culture du milieu spécifique (le neuvième art). Et force est de constater que Watchmen fait partie des BD, tout format confondu, qui a atteint un tel degré de célébrité qu'on ne peut, finalement, que le comparer à des oeuvres aussi majeures que Tintin ou Maus.

Après, sur le fond, la qualité ... J'ai pas lu l'ensemble.

Mais j'aurai quand même tendance à être d'accord avec Pacclerouge pour dire qu'Urban sur-valorise forcément certaines BD. Faut pas être naif non plus, c'est un éditeur donc pour eux tout ce qui sortent c'est "trop génial, excellent, marquant, etc ..." C'est leur boulot aussi, et le lecteur doit pas être naïf et prendre ça pour argent comptant. Si tout n'est, évidemment pas mauvais, presque tout est sur-vendu. Mais c'est normal, c'est leur taf.
De la même manière qu'un chargé de com' d'un groupe te fera croire que leur album est totalement novateur :lol:


Mais sinon, je sens les réactions furax dans quelques minutes, donc je m'éclipse :manhattan
Vittorini a écrit : likes ce message
mavhoc a écrit : juste , peut être, mettre de l'eau dans ton vin ? :lol:
Ok là je me couche.
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Strax
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par Strax »

mavhoc a écrit : Je ne fais pas un procès d'intention au comics super-héroïque, loin de là, mais souligne que, finalement, peu d'oeuvre ont touché l'ensemble de la BD entant que tel. Green Arrow et Green Lantern, quand bien même certains lui trouveraient un impacte dans l'univers de la bande-dessinée globale (c'est à dire toutes les BD du monde entier quand même), celui-ci resteraient infiniment plus faible que Watchmen, qui est devenu une oeuvre culte, majeure et touchant des générations entières de dessinateurs.
Non, mais je ne crois pas que GA/GL ait jamais eu l'ambition de changer le monde de la BD ! ^^
L'impact certain de GA/GL, c'est qu'il a ouvert un couloir jusqu'alors peu emprunté. La véritable question qu'il faut se poser étant : Watchmen aurait-il existé si une oeuvre comme GA/GL n'avait pas vu le jour ?
Tout est dans tout (et inversement) ! Il y a un effet papillon, si tu veux ! C'est dans ce domaine que tu peux voir l'impact de l'oeuvre de Dennis O'Neil et Neal Adams !

Edith :
mavhoc a écrit :Si tout n'est, évidemment pas mauvais, presque tout est sur-vendu. Mais c'est normal, c'est leur taf.
De la même manière qu'un chargé de com' d'un groupe te fera croire que leur album est totalement novateur
Franchement, non. Urban ne survend pas tous ses titres, ils le font vraiment quand il y a lieu de le faire ! Ils l'ont fait avec Watchmen, avec l'Anthologie de Kirby et aussi avec GA/GL, entre autres, parce que ces titres le méritent largement, même si tu n'es pas d'accord pour le dernier ! ^^
Urban est évidemment un éditeur, et c'est normal qu'ils vendent leur titre, encore heureux ! Mais ce sont aussi des gens passionnés qui ont su donner aux titres DC Comics un rayonnement qu'ils n'ont jamais connu (soyons francs) en France.
Ils ont de plus une politique éditoriale cohérente (par exemple sortir No Man's Land avant Gotham Central, vu la relation entre Montoya et Dent, est une initiative plus qu'heureuse; Ou encore la sortie de L'Autre Terre parallèlement aux débuts de Forever Evil !), ce qui est là encore une première chez nous.
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pacclerouge
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par pacclerouge »

Moi je dis amen à tout ce qu'écrit mavhoc. Notamment sur ce qu'on doit retenir de l'héritage GA/GL. FInalement Darkchap ce qui nous sépare dans cette discussion c'est la différence entre constater qu'O'Neil a lancé une dynamique et que ce lancement n'est pas quand même pas terrible.

Juste pour répondre à deux trucs
Un script, ça existe également dans le cinéma, c'est pas pour autant qu'il s'agit d'une oeuvre littéraire.
Je n'ai jamais dit que c'était le cas. J'ai juste dit que cela restait de l'écriture. La composition d'une case ça reste de l'écriture, même si ce n'est pas littéraire. Et il y a pour moi un gros souci quand le récitatif ne fait que paraphraser le script. Je ne trouve pas que le récitatif soit d'ailleurs en perdition, tout dépend des auteurs. Pour prendre le cas d'un illustre inconnu, Scott Snyder aime digresser dans les phylactères. Bendis aussi a pu fournir des scripts particulièrement denses. Et si on sort du mainstream, je trouve que Brian Wood, Jason Aaron ou Bill Willingham sont assez bavards également.
DC et Marvel ont fait des comics de blaxploitation dans les années 70, Power Fist/Heroes for Hire et Black Lightning mais pas GL/GA. Je ne pense vraiment pas qu'il s'agisse de blaxploitation vu que le thème du racisme n'est traité que parmi tant d'autres. Ca serait plus vrai si John Stewart avait remplacé définitivement Hal Jordan début des années 70.
Là encore tu me lis un peu trop vite. Je n'ai pas dit que le comics faisait de la blacploitation, il n'en a jamais fait. Je faisais juste remarquer que c'est une industrie naissance à ce moment-là, sachant que toute une presse spécialisée existait aussi et que les leaders noirs soutenaient un certain communautarisme. Bref, il est clair qu'il y a un marché noir à conquérir à ce moment-là. Je me réjouis (comme je me réjouis aujourd'hui que des héros musulmans US voient le jour) que le comics prenne enfin en compte une certaine réalité sociale, mais il n'est pas forcément précurseur non plus, et son timing est... suspect. Mais c'est juste une hypothèse. Je veux bien croire que Carmine Infantino était paré des meilleures intentions.
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DarkChap
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par DarkChap »

mavhoc a écrit :
DarkChap a écrit :AAAAAq parlait de Watchmen. Le traitement des personnages et de la mise en scène est plus "moderne" et les idées sont bien plus approndies mais fondamentalement, Watchmen reprend le thème introduit par GL/GA et qui a été repris par le Bronze Age of Comics dans son ensemble, à savoir la confrontation du superhéros à la réalité, ce qui n'est pas surprenant, le Dark/Modern Age n'étant à bien des égards qu'un développement du Bronze.

Je rebondis que là où mon avis peut être intéressant (pour le reste, j'ai pas lu l'ensemble du recueil donc je pense vraiment que mon avis est inutile). Effectivement, mettre Watchmen et Green Arrow/Green Lantern dans le même panier, c'est un peu fort. Et ce n'est pas parce que Watchmen touche des thèmes qu'on peut trouver dans GA/GL qu'on peut relier les deux avec une facilité déconcertante. D'ailleurs, DarkChap, dans un sens, semble aller dans mon sens. En effet, dire que le Modern Age est le fils spirituel du Bronze Age (qui a vu le jour avec comme thématiques : le racisme, la drogue, la mort) c'est reconnaître que c'est lié, que les sujets sont liés.
Pour autant, la confrontation des super-héro au monde réel se retrouve dans la quasi-totalité des oeuvres de cette ère, aurions nous raison, alors, de tous les mettre dans le même panier que Watchmen ? Certainement pas.

Watchmen est une oeuvre majeur de manière interne et externe. Je vais m'arrêter trente secondes sur la notion d'externe pour donner une info qui ne plaira pas à la majorité des forumeurs mais : le comics de super-héro est un genre qui n'influence, finalement, que bien peu la bande-dessinée dans son ensemble. C'est un genre qui a de tel codes, de telles obligations que c'est difficile pour le comics d'influencer l'ensemble de la BD.
On adore les dessinateurs de comics, mais si on prend tous ceux qui officient chez DC, il y a moins de variation qu'entre 2 bloggeurs quelconque.
Je ne fais pas un procès d'intention au comics super-héroïque, loin de là, mais souligne que, finalement, peu d'oeuvre ont touché l'ensemble de la BD entant que tel. Green Arrow et Green Lantern, quand bien même certains lui trouveraient un impacte dans l'univers de la bande-dessinée globale (c'est à dire toutes les BD du monde entier quand même), celui-ci resteraient infiniment plus faible que Watchmen, qui est devenu une oeuvre culte, majeure et touchant des générations entières de dessinateurs.
Si je devais me servir d'une de mes fameuses comparaisons, je dirais que Goldfinger et On ne vit que deux fois sont deux James Bond avec Sean Connery, mais que l'un a eu un impact beaucoup plus ressenti (le premier pour les ignorants) sur la culture populaire mais également la culture cinématographique que le second. Les deux pourtant sont du même type, du même univers et avec des thématiques proches.

Là, je ne parle que de l'impact externe de l'oeuvre, que ça soit dans la pop-culture mais aussi dans la culture du milieu spécifique (le neuvième art). Et force est de constater que Watchmen fait partie des BD, tout format confondu, qui a atteint un tel degré de célébrité qu'on ne peut, finalement, que le comparer à des oeuvres aussi majeures que Tintin ou Maus.
On peut rapprocher les deux parce que c'est Green Lantern/Green Arrow qui a introduit ces thématiques dans le comic book superhéroïque, faisant passer le média de l'ère du Silver à l'ère du Bronze. Ce changement d'ère est particulièrement significatif, plus encore peut-être que le passage au Modern, qui ne fait qu'approfondir ces idées.

Oui, Watchmen est plus connu du grand public que Green Lantern/Green Arrow maintenant si tu cherches la véritable rupture de la bande dessinée américaine, elle est dans le passage du Silver au Bronze, pas dans le passage du Bronze au Dark/Modern. D'ailleurs, ça explique pourquoi presque tout le monde s'accorde pour dater le début du Bronze avec les comics d'O'Neil tandis que pour le Dark/Modern, on est pas fichu de trouver une date voire même une cohérence de période (puisque certains distinguent le Dark du Modern). Certains te diront que ça commence avec Watchmen mais d'autres te répondront Uncanny X-Men, Swamp Thing, Crisis, Year One, TDK ou Squadron Supreme.
Je n'ai jamais dit que c'était le cas. J'ai juste dit que cela restait de l'écriture. La composition d'une case ça reste de l'écriture, même si ce n'est pas littéraire. Et il y a pour moi un gros souci quand le récitatif ne fait que paraphraser le script. Je ne trouve pas que le récitatif soit d'ailleurs en perdition, tout dépend des auteurs. Pour prendre le cas d'un illustre inconnu, Scott Snyder aime digresser dans les phylactères. Bendis aussi a pu fournir des scripts particulièrement denses. Et si on sort du mainstream, je trouve que Brian Wood, Jason Aaron ou Bill Willingham sont assez bavards également.
Je ne fais qu'expliquer les raisons historiques de l'importance des récitatifs dans les vieux comics. C'est pas que ça prend son lecteur pour un idiot, c'est la marque d'origines littéraires. On les pensait plus comme de la littérature or dans la littérature, il y a des descriptions.
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TheRiddler
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par TheRiddler »

D'ailleurs à propos de ces fameux récitatifs, petite parenthèse, mais ce n'est pas particulier aux comics du Silver, Edgar P. Jacobs en est également un spécialiste dans la franco-belge :

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BlueWarth
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par BlueWarth »

TheRiddler a écrit :D'ailleurs à propos de ces fameux récitatifs, petite parenthèse, mais ce n'est pas particulier aux comics du Silver, Edgar P. Jacobs en est également un spécialiste dans la franco-belge :

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Complètement, c'est même un peu sa marque de fabrique tant il l'utilise.
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Sasahara
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par Sasahara »

Je viens enfin de me procurer ce volume ! je sens que je vais me régaler, mais en préalable je voudrais parler de la nouvelle traduction

J'ai lu en priorité les 2 épisodes sur Speedy et la drogue qui avaient été publiés en kiosque par Semic il y a quelques années, pour comparer.
Cette première traduction portait son grand âge: le texte était farci de mots d'argot typiques des années 50-60 (qu'on retrouve dans les traductions de polars à l'époque) genre "aboule ton larfeuille"! qui semblent complètement désuets aujourd'hui.

Sur ce plan la nouvelle traduction de Martin Winckler est plus performante, c'est sûr. Mais est-elle pour autant meilleure ? Je ne trouve pas, car souvent elle me parait trop littérale. Les traducteurs précédents adaptaient volontiers en utilisant des expressions françaises proches et imagées plutôt que de traduire avec exactitude, et souvent c'était meilleur.

Quand Green Arrow est touché par une flèche , il criait "Bon Dieu" ! ce qui est bien plus fort que le "Mon... Dieu" très littéral de la nouvelle traduction. En français, frappé de stupeur, on ne crierait jamais "Mon Dieu" comme ça, l'autre formulation est plus crédible, même si c'est un juron.

Et quand Green Arrow blessé s'écroule à l'hopital (après qu'on lui ait dit de revenir demain) il disait "on vit une époque formidable! " ce qui est supérieur, car plus ironique (et drôle) à "j'adore... le monde... moderne..." malgré tous les petits points

Et ainsi de suite.

Bref on a gagné en efficacité mais beaucoup perdu en poésie, en qualité littéraire avec ce genre de traduction trop sage, je suppose que c'est un défaut de notre époque...

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Strax
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par Strax »

Green Lantern & Green Arrow
Dennis O'Neil - Neal Adams
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"Cesse de fuir dans les étoiles et reviens en Amérique ! C'est un pays magnifique et fertile... mais terriblement malade. Des enfants meurent... des gens honnêtes vivent dans la peur. La jeune génération est désespérée. Un homme de bien, un noir, est mort à Memphis... un homme de bien, un blanc, à Los Angeles. Un mal sournois nous ronge, un cancer qui dévore nos âmes de l'intérieur."
Hal Jordan, de passage à Star City, intervient dans une embrouille entre un homme d'âge mûr et ce qu'il estime être un jeune voyou. Alors qu'il punit le jeune qui vient de pousser violemment le moins jeune, et qu'il aide ce dernier à se relever, Hal se fait remercier par une pluie d'ordures jetées par les habitants du quartier. Alors qu'il s'apprête à riposter, Green Arrow intervient et le prévient qu'il aura affaire à lui s'il lève la main sur ces gens. En effet, le bedonnant quadragénaire à qui il est venu en aide, Jubal Slade, est le propriétaire de l'immeuble qu'il laisse sciemment dans un état délabré, cherchant à expulser les locataires afin de raser l'endroit pour en faire un parking.

Cette histoire est le préambule de Green Lantern & Green Arrow, et elle donne tout de suite le ton de l'oeuvre : Pas, ou peu, de superpouvoirs, et pas, ou peu, de supervilains. Les situations que vont affronter principalement nos super-héros sont terre-à-terre. A ce titre, on remarque d'ailleurs que l'anneau de Hal se décharge très vite, quand les Gardiens eux-mêmes ne s'amusent pas à sciemment en réduire la puissance de moitié (quelques redondances ternissent d'ailleurs quelque peu le tableau à ce sujet : presque chaque fois qu'il utilise la formule / devise des Green Lantern pour recharger son anneau, Hal en profite pour se remettre en question au même moment, à tel point que ça tourne au cliché). Et quand les histoires deviennent plus fantastiques, elles servent alors de paraboles.

Même si quelques alliés connus de nos héros font leur apparition (Black Canary, Roy Harper et Guy Gardner) et certains font même leur entrée dans l'univers DC (comme John Stewart), la dynamique du titre se base en fait essentiellement sur les rôles que jouent ici Hal et Ollie, le candide et le rebelle, le naïf et celui qui a tout vu.
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Leurs petites disputes reposent toujours sur des différences de perception, entre Hal qui a passé son temps de Green Lantern à obéir à l'autorité supérieure et se reposer sur leur jugement (celui des Gardiens), et Oliver qui n'a de cesse de se révolter contre les pouvoirs en place et défendre la veuve et l'orphelin de la rue (et qui atteint à quelques reprises le point Godwin). Une attitude qui l'amènera à se remettre en question sur son rôle envers les citoyens, pour finalement se présenter au poste de Maire de Star City.

En préface du recueil, Martin Winckler, éminent écrivain, fin connaisseur és-comics, et pour le coup également responsable de la traduction du présent recueil, introduit brillamment le lecteur à l'univers qu'il s'apprête à découvrir, en lui donnant une idée du contexte de la sortie du titre, expliquant à son lectorat ce qui fit de ce titre un évènement, et donnant également quelques clés de compréhension quant aux références de certaines histoires, références qui peuvent légitimement paraître obscurs à un jeune public !
"Arrow et Lantern incarnent à eux deux tout ce qui fait la grandeur de l'Amérique et tout ce qui fait sa noirceur : Le courage et la soumission à l'autorité, l'humilité et l'orgueil, l'imagination et l'aveuglement, la lucidité et la naïveté, la générosité et l'égoïsme. Comme vous prévient O'Neil dès la première page, il n'y a pas de happy end."
Quoi qu'il en soit, le but est de sensibiliser le lecteur aux problèmes de son proche environnement : inégalités sociales, racisme, pollution, sexisme, sectes, déforestation, surpopulation, maltraitance des enfants, drogue... et en effet, quel meilleur moyen pour être écouté (ou en l'occurrence lu) que de poser les questions sans apporter les réponses ?
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D'ailleurs, les sujets traités étant universels, le tour de l'Amérique ne semble pas vraiment inspirer ses auteurs, et ne dure de toute façon que cinq chapitres, O'Neil et Adams préférant se concentrer par la suite, à juste titre, uniquement sur les problèmes de société plutôt que sur l'ambiance road trip.
Mais si tous les thèmes de société possibles de l'époque sont traités, ce n'est pas toujours de la meilleure façon, à l'image du chapitre 5 (Même un immortel peut mourir), qui commence comme un réquisitoire contre le plastique et la pollution produite par ses déchets toxiques, mais qui ne sert au final que de prétexte pour lancer une intrigue sur le Gardien qui accompagne Hal et Ollie dans leur voyage à travers l'Amérique.
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Certes, les thèmes de société sont le point central de Green Lantern & Green Arrow, et pour prouver qu'ils sont entièrement au fait de l'actualité, ils glissent çà et là de nombreuses références à la pop-culture dans leurs histoires, comme par exemple dans le chapitre Et un enfant les détruira !, où il est fait directement référence à Hitchcock (qui en profite pour faire un caméo, comme dans ses films) et son film Les Oiseaux, ou plus visible, Easy Rider (dans les premiers chapitres).
A ce sujet, le chapitre 9 (le péril plastique) me semble faire référence à la série culte britannique Le Prisonnier, diffusée une poignée d'années avant entre fin 1967 et début 1968 (diffusée aux états-unis à partir de septembre 1968).
La petite ville où il se passe des trucs étranges, les caméras présentes partout, le monde en plastique, les gaz qui endorment le héros, le QG de l'instigateur qui ressemble à la salle de contrôle de Numéro 2, le lavage de cerveau de tous les habitants, et la dernière case qui semble montrer qu'à l'image de la série de Patrick McGoohan, la folie a envahi le monde. Le tout simplement et brillamment appliqué au concept de "le plastique c'est pas bien, le plastique ça pollue", ce qui rejoint la série british, au moins dans son esthétique post-moderne et ses situations absurdes.
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Green Lantern & Green Arrow est un titre profondément ancré dans son époque, et le portrait est dressé sans concession.
Le trait est parfois un peu caricatural, et assez naïf (mais il est aussi nécessaire de remettre les choses dans leur contexte, puisque le titre nous parvient plus de quarante ans après sa sortie originale), mais il a le mérite de poser les bonnes questions et de nous remettre en question !
Ce qui compte au final, c'est de savoir si les histoires sont captivantes, passionnantes et originales. Et c'est bien le cas ici. Tout le reste, c'est du bonus. Et le bonus est ici plus que conséquent ! Savoir éveiller l'intérêt du lecteur au monde qui l'entoure, tout en lui proposant des histoires qui invitent à l'évasion, c'est un tour de force qu'on ne trouve pas au coin de chaque BD !
Et dans ce cas présent, Dennis O'Neil et Neal Adams maîtrisent leur sujet à merveille !
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Sasahara
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par Sasahara »

Merci pour cette critique, Strax, qui me donne envie de me replonger dans l'album !

Merci notamment pour le signalement des clins d'oeil (à la série "le prisonnier" par exemple - pour Hitchcock c'était explicite puisqu'il est cité dans les dialogues dans la même case où on le voit en facteur- c'est un peu redondant d'ailleurs)

J'insisterais encore sur la beauté du dessin d'Adams et sa modernité qui semble aussi lisible et familière qu'un comics actuel. J'ai feuilleté "le quatrième monde" de Kirby en librairie, et je l'achèterai sûrement, mais ce qui m'a frappé sur le plan visuel c'est la monotonie, le côté figé du découpage avec le même "gaufrier" de 6 cases à chaque planche ou presque.

Alors que c'est publié à la même période ! Mais Kirby était en "vieux de la vieille" issu des années 50 alors qu'Adams est plus varié et inventif, sur ce plan là en tous cas, d'où le fait que son travail me parait plus accessible!
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Strax
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Re: [UC : DC Archives] Green Arrow & Green Lantern

Message par Strax »

Merci à toi Sasahara ! :-D
Pour la comparaison entre le style de Kirby et celui d'Adams, il y a évidemment une question de différence de générations comme tu le soulignes. Je n'ai pas encore lu le Quatrième Monde, mais dans Kamandi et OMAC, oeuvres antérieures, les "gaufriers" sont toujours présents, mais il y a aussi de manière régulière des cases plus larges, parfois même des pages pleines (les fameuses splash-pages) !
Cela dit, il s'agit juste de mise en page. Elle a son importance, c'est sûr, ne serait-ce que pour éviter la fatigue des yeux à cause de la monotonie, mais pour ce qui se passe dans ces cases, les deux auteurs sont autant précurseurs l'un que l'autre, et font partie de ceux qui ont su moderniser les comic-books de super-héros ! ^^
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