Un peu plus tôt dans la journée, alors que je faisais des recherches sur
Miracleman/Marvelman, j'ai appris que le titre fut publié en même temps que
V pour Vendetta dans la revue britannique
Warrior, éditée par la société d'un ancien de chez Marvel UK. La série faisait partie des moins populaires de la revue et n'aurait sans doute pas tenu longtemps si elle était sortie tout seule. Lorsque la publication de
Warrior fut interrompue, c'est DC qui a repris le titre, en republiant les 10 premiers chapitres en couleur (alors qu'ils étaient initialement parus en noir et blanc) et en permettant la sortie des 2 derniers, qui étaient restés inédits.
J'ai trouvé ça rigolo de découvrir que l'un des fleurons du label Vertigo avait connu bien des péripéties avant d'être finalement intégré dans leur catalogue (et que c'est vraiment une histoire de gens plutôt que d'étiquettes Marvel ou DC).
Autrement, j'ai bien aimé le film : il m'a fait pleurer au moment de la lettre de Valérie, comme la version papier avant lui, et c'était le principal truc que j'attendais de lui ^^ J'aime beaucoup la façon dont les scénaristes ont actualisé l'intrigue, notamment. A l'époque où le film était sorti, on sentait que le thème de l'insécurité était un élément crucial lors des campagnes présidentielles en France (et peut-être ailleurs dans le monde, je ne sais pas), du coup ça m'a plu qu'il soit intégré à l'intrigue (de façon assez extrême d'ailleurs,
. Je dis à l'époque, mais à chaque élection le spectre de l'extrême-droite semble planer de plus en plus, du coup le film garde malheureusement tout son aspect anticipation :/ Comme j'attends toujours d'une adaptation qu'elle prenne quelques libertés plutôt que d'essayer de refaire exactement la même chose que l’œuvre d'origine, j'ai apprécié cet aspect.
Après je trouve qu'elle reste beaucoup plus consensuelle que le comics dans sa fin.
Là dans le comics le peuple a toujours besoin d'un V pour construire après que le précédent a disparu avec la société qu'il a détruit, dans le film le peuple se sauve lui-même et Evey est totalement libre à la fin. C'est un peu plus optimiste en l'homme. Et puis ça nous prive de ma deuxième scène préférée dans le bouquin, à savoir le moment où Evey se voit en train de retirer le masque de V pour y découvrir tel ou tel visage, avant d'y découvrir le sien et de réaliser à quel point V l'a formée à prendre sa place, sans qu'elle s'en rende compte.
Le fait que V disparaisse avec la société qui l'a créé m'a rappelé mes cours de français de collège aussi, quand on étudiait Quatrevingt-treize de Victor Hugo. En effet, à la fin du roman, le méchant meurt, mais le gentil aussi. La prof nous avait expliqué qu'avec tout ce que la société avait fait subir à ce dernier, il faisait partie des horreurs qu'elle avait créées et disparaissait avec elle pour que le nouveau monde qu'il avait contribué à faire naître parte sur de bonnes bases, en espérant qu'il soit meilleur que l'ancien. On retrouve tout à fait cet aspect-là dans l'histoire. Le film est aussi beaucoup plus systématique dans son déroulement il me semble, avec un petit côté "là on critique la religion, maintenant on critique la TV" etc. alors que c'était plus fluide dans le comics.
La relation amoureuse entre V et Evey par contre, avec le premier qui cuit des œufs sur le plat vêtu de son mignon petit tablier, au secours @_@ Là pour le coup ça faisait très romance hollywoodienne imposée et je n'ai pas vu ce que ça apportait.
Enfin, pour le moment c'est mon Alan Moore préféré. J'aime bien aussi ses œuvres qui foisonnent de références et invitent à y revenir périodiquement pour voir si on peut débloquer des niveaux de lecture supplémentaires, mais j'apprécie qu'il n'y en ait pas besoin dans celui-ci. Il nous parle de nous de façon très édifiante, et puis la lettre de Valérie quoi ;_;
Valérie a écrit :I shall die here. Every last inch of me shall perish. Except one.
An inch. It's small and it's fragile and it's the only thing in the world worth having. We must never lose it, or sell it, or give it away. We must never let them take it from us.
*essuie ses yeux*